Turquie : Un parti prokurde rencontre le chef emprisonné du PKK

29/12/2024 mis à jour: 13:57
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Manifestation des sympatisants du leader kurde Abdulahh Ocalan

Une délégation du parti turc pro-kurde DEM s’est entretenue hier avec le fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Ocalan, emprisonné à vie sur une île au large d’Istanbul, au cours d’une première visite depuis dix ans, selon l’AFP. 

Le coprésident du DEM, Tuncer Bakirhan, a déclaré qu’il espérait que ces entretiens avec Ocalan allaient permettre «d’ouvrir une nouvelle ère» pour un règlement démocratique du problème kurde. La délégation du parti DEM est composée de deux députés, Sirri Sureyya Onder et Pervin Buldan, partis dans la matinée sur l’île d’Imrali, en mer de Marmara, où le chef du PKK est détenu depuis 1999. 

Il s’agit de la première visite de ce parti depuis près de 10 ans. Le prédécesseur du DEM, le parti HDP, a rencontré Ocalan pour la dernière fois en avril 2015. Ce déplacement intervient au lendemain du feu vert donné par le gouvernement turc après la demande du DEM (Parti de l’égalité des peuples et de la démocratie) de pouvoir rendre visite à Ocalan, âgé de 75 ans. Le PKK, organisation séparatiste kurde, en lutte armée depuis des décennies contre le pouvoir central turc, est classé comme organisation «terroriste» par la Turquie ainsi que par les Etats-Unis, l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni.

«Pendant que je m’exprime ici, notre délégation rencontre actuellement Abdullah Ocalan (sur l’île) Imrali. Nous pensons que c’est important», a déclaré le coprésident du DEM, Tuncer Bakirhan, devant la presse dans le district d’Uludere, près de la frontière irakienne. Il assistait à une cérémonie de commémoration marquant l’anniversaire de la mort de 34 civils dans une frappe turque en 2011, qui a été ensuite appelé «massacre d’Uludere ou Roboski». «La porte d’Imrali doit être déverrouillée», a-t-il indiqué. «J’espère que les discussions qui y auront lieu permettront de résoudre la question kurde par des moyens démocratiques et sur une base démocratique.»

«Fenêtre d’opportunité» 

Ocalan, détenu depuis 25 ans dans l’île-prison turque d’Imrali, a fondé le PKK. Arrêté en 1999 lors d’une opération digne d’un film hollywoodien menée par les forces de sécurité turques au Kenya après des années de cavale, Ocalan a été condamné à mort. Il a échappé à la potence lorsque la Turquie a aboli la peine capitale en 2004. Il purge depuis une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle. 

La rare visite d’hier est devenue possible après que l’allié nationaliste du président turc, Recep Tayyip Erdogan, le chef du parti ultranationaliste MHP, Devlet Bahçeli, a invité Ocalan à venir devant le Parlement pour renoncer au «terrorisme» et dissoudre le groupe militant. M. Bahçeli est farouchement hostile au PKK. Cet appel constitue une «fenêtre d’opportunité historique», selon le président Erdogan. «Mes chers frères kurdes, nous attendons que vous saisissiez sincèrement cette main tendue» par D. Bahçeli, a déclaré le chef de l’Etat, qui apportait pour la première fois publiquement son soutien à cette initiative. Peu de temps après l’appel de Bahçeli, Ocalan a été autorisé à rendre visite à sa famille pour la première fois depuis mars 2020, ce qui a incité le DEM à présenter sa propre demande au ministère de la Justice. 

Des militants du PKK ont par la suite revendiqué la responsabilité d’une attaque en octobre contre une entreprise de défense turque, qui a fait cinq morts. Cela a retardé l’approbation par le gouvernement de la demande du DEM. Pendant plusieurs années, Ocalan était engagé dans des négociations avec les autorités, lorsque R. T. Erdogan, alors Premier ministre, a appelé à une solution à ce qui est souvent appelé le «problème kurde» de la Turquie. 

Le processus de paix et la trêve ont échoué en 2015, déclenchant une reprise des violences, notamment dans le Sud-Est à majorité kurde. Le rameau d’olivier surprise tendu par le gouvernement aux Kurdes intervient après le renversement en Syrie voisine du président Bachar Al Assad par les rebelles, le 8 décembre. La Turquie cible régulièrement les combattants kurdes dans le nord de la Syrie et en Irak.
 

 

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