C’est une affaire sordide qui ressort des années plus tard. A Istanbul, le procès d’un père de famille lié à l’une des plus influentes confréries religieuses de Turquie, la communauté İsmailağa, a débuté le 30 janvier. L’homme est accusé d’avoir marié sa fille de six ans avec l’un de ses disciples de 23 ans son aîné, lui aussi sur le banc des accusés. Les deux hommes risquent respectivement 22 et 68 ans de prison. Le procès n’avait pas commencé lundi matin que déjà des centaines d’activistes et d’avocats s’engouffraient dans le palais de justice du district de Kartal, à Istanbul. Très vite, la salle d’audience s’est avérée trop petite pour accueillir la foule. Gözde ne cache pas sa déception. «Nous étions venus pour apporter notre soutien à la cause des femmes, dit-elle. Ce qui est arrivé à cette jeune fille n’est pas un cas isolé, c’est très courant en Turquie, et les autorités tentent de le dissimuler. Plus nous serons nombreux à l’audience, plus nous pourrons faire pression pour que les peines contre les accusés soient les plus élevées possible.» A l’extérieur du tribunal, une cinquantaine de membres de la communauté İsmailağa se sont réunis en soutien aux inculpés. Handan İlağa, avocate, s’inquiète de les voir si nombreux : « Les confréries et sectes religieuses sont devenues très puissantes au cours des 20 dernières années, et on n’a aucune idée de ce qu’il s’y passe puisqu’elles ne sont pas surveillées. Ils peuvent commettre toutes sortes de crimes derrière leurs portes closes. »