Turquie : Les barrages d’Istanbul s’assèchent sous la vague de chaleur

04/09/2023 mis à jour: 21:42
AFP
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Le manque de pluie a transformé certains barrages en prairies en Turquie - Photo : D. R.

L’ensemble de la Turquie a été touché par une vague de chaleur avec un record de 49,5 degrés enregistré le 15 août à Saricakaya, dans le centre du pays, pour la première fois dans l’histoire de la République turque.

Les écrans de surveillance du système de gestion d’eau d’Istanbul devant Ismail Aydin affichent un nombre alarmant : 29,7%. C’est le niveau d’eau des barrages d’Istanbul lors des derniers jours d’un été particulièrement chaud, indiquant que la plus grande ville de Turquie est au bord d’une pénurie d’eau. M. Aydin veut cependant être rassurant et éviter de semer la panique au sein de la population.

La saison des pluies s’approche et les barrages seront bientôt remplis, assure-t-il. Mais l’été particulièrement sec que la ville de près de 20 millions d’habitants a connu l’inquiète pour les mois à venir. «Les barrages étaient remplis à 60% à la même époque l’année dernière. En 2014, le niveau de remplissage avait baissé à 14%. C’est le second plus bas niveau que nous avons connu depuis dix ans», raconte-t-il.

Onze lacs artificiels de barrage autour d’Istanbul approvisionnent la ville en eau et sont d’habitude remplis par les pluies entre novembre et décembre. Mais le réchauffement climatique change la nature et la fréquence des événements météorologiques, une source de stress de plus pour M. Aydin.

Il y a eu très peu de pluie cet été à Istanbul. L’ensemble de la Turquie a été touché par une vague de chaleur avec un record de 49,5 degrés enregistré le 15 août à Saricakaya, dans le centre du pays, pour la première fois dans l’histoire de la République turque.

En cas de pénurie, l’eau pourrait en théorie être acheminée par voie terrestre ou maritime vers Istanbul, aucun plan spécifique n’a cependant été partagé à ce sujet par les autorités. La croissance de la mégapole n’a fait qu’empirer ses problèmes.  Le nombre de barrages est presque le même qu’il y a 30 ans quand la ville ne comptait que 5 millions d’habitants.

Les autorités appellent régulièrement les habitants à ne pas gaspiller l’eau. «La capacité des barrages d’Istanbul est d’environ 868 millions de mètres cubes. Mais notre consommation annuelle est de 1,1 milliard de mètres cubes», explique M. Aydin. «Les barrages d’Istanbul ne peuvent stocker suffisamment d’eau pour un an. Istanbul est une ville qui nécessite constamment des pluies. Nos sources d’eau souterraines ne sont pas suffisantes.»

Le manque de pluie a transformé certains barrages en prairies où se promènent des troupeaux de moutons et de chèvres à la périphérie de la ville.

Nejat Karakas a grandi au bord de l’eau et aime se promener régulièrement, depuis qu’il est à la retraite, autour des barrages. «Cela me fait de la peine. Nous ne sommes pas habitués à voir cela», dit-il, montrant une barque renversée sur les rives fissurées et sèches d’un lac artificiel. «S’il ne pleut pas d’ici le mois d’octobre, de mauvais jours nous attendent», dit-il.

«Nous sommes tous inquiets»

Les efforts de M. Aydin pour sensibiliser les Istanbouliotes semblent porter ses fruits. Hasan Sadikoglu raconte qu’il a placé une grande bouteille en plastique dans le réservoir de sa chasse d’eau pour économiser près d’un litre à chaque utilisation. «Quand les enfants brossent leurs dents, je leur dis de ne pas laisser couler l’eau, en vain», raconte le chauffeur âgé de 53 ans.

Les autorités prévoient d’installer des dispositifs qui réduiraient le débit au robinet chez les ménages qui consommeraient plus d’une quantité d’eau définie par mois. «Des mesures très efficaces doivent être prises, notamment en matière de gestion de l’eau», affirme M. Aydin. «Préserver l’eau est une priorité, le recyclage aussi.» Mine Altintas tente déjà d’économiser l’eau lorsqu’elle fait la vaisselle et la lessive.

Mais l’étudiante, âgée de 18 ans, craint que ses efforts ne suffisent pas. «Nous sommes tous inquiets. Comme le pays et le monde entier», affirme-t-elle. «Je ne sais pas ce qui se passera dans 10 ans. Je suis encore jeune et je ne sais pas quelle quantité d’eau nous aurons à l’avenir.» 


 

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