Le président tunisien Kaïs Saïed a décidé de reporter une visite d’une délégation de la Commission européenne prévue cette semaine en Tunisie pour examiner les «points à négocier» sur un accord conclu en juillet sur l’immigration, selon le ministre de l’Intérieur, Kamel Feki, cité hier par l’AFP.
La Commission européenne a indiqué qu’elle a proposé d’envoyer «cette semaine» une délégation «pour poursuivre les discussions sur la mise en œuvre du protocole d’accord» prévoyant une aide financière à la Tunisie pour lutter contre l’immigration clandestine.
Mais lundi, le président Kaïs Saïed a décidé de reporter cette visite à une date ultérieure qui sera fixée par les deux parties, selon un communiqué de la Présidence. Le président Saïed «a demandé le report pour l’examen des points à négocier dans le cadre de l’accord», a indiqué le ministre de l’Intérieur, Kamel Feki, dans une vidéo diffusée vendredi soir sur la page officielle de son ministère. Ecartant l’existence d’«un désaccord» avec l’Union européenne (UE) sur ce dossier, il a tenu à souligner que cet «accord préliminaire (...) n’a pas été encore concrétisé».
La Commission européenne a indiqué pour sa part chercher avec les autorités tunisiennes «le meilleur moment (pour une visite) pour les deux parties», sans préciser les raisons du report. Signé en grande pompe en juillet à Tunis, l’accord est notamment censé faire baisser le nombre de départs de migrants depuis les côtes tunisiennes, principal point de départ avec la Libye pour des milliers de migrants clandestins qui traversent la Méditerranée centrale vers l’Europe. En échange, la Tunisie doit recevoir une aide européenne de 105 millions d’euros pour la lutte contre l’immigration clandestine.
La Commission a annoncé cette semaine que sur ces 105 millions, quelque 42 millions d’euros allaient être «alloués rapidement». Bruxelles a promis aussi une aide budgétaire directe de 150 millions d’euros en 2023, au moment où la Tunisie traverse une grave crise économique. «Une dose d’aide», selon K. Feki, permettant à la Tunisie «de sortir de l’état de récession économique».
Le partenariat a suscité des critiques d’ONG notamment, qui dénoncent l’autoritarisme du président Saïed et les abus dont sont victimes les migrants subsahariens dans ce pays. Mi-septembre, la Tunisie a interdit d’entrée sur son territoire une délégation du Parlement européen qui devait faire le point sur l’accord et rencontrer des membres de la société civile, des syndicalistes et des représentants de l’opposition.
Pour K. Feki, cette délégation était composée de «quatre députés qui ne représentent pas le Parlement européen et qui travaillent d’une façon indépendante et qui ont adhéré à une large campagne de diffamation contre l’Etat tunisien». «Ils ne sont pas les bienvenus sur le territoire tunisien», a-t-il affirmé.