Plus de deux mille personnes ont manifesté hier à Tunis, contre le président Kaïs Saïed et la consultation en ligne qu’il a organisée en vue d’importantes réformes politiques, rapporte l’AFP.
Le coup de force du président Saïed, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet et gouverne depuis le pays par décrets, a été, dès le début, qualifié de «coup d’Etat» par ses opposants. Brandissant des drapeaux tunisiens, les protestataires ont marché vers le Parlement dans le quartier du Bardo, mais ont été bloqués par un important dispositif policier.
A quelques heures de sa clôture hier, la consultation électronique lancée le 15 janvier par le Président, enregistrait quelque 508 000 participants, soit moins de 10% du corps électoral (de 7,07 millions), selon les statistiques officielles. Les réponses doivent servir de base à des réformes politiques qui seront élaborées par une commission d'experts nommée par le Président.
Un référendum doit être ensuite organisé en juillet sur des amendements à la Constitution que K. Saïed veut rendre plus «présidentielle», avant de nouvelles élections législatives prévues mi-décembre. Le chef d’Etat a imputé l’insuccès de son vaste sondage à des «obstacles techniques» et «des tentatives de l’ancien système de faire avorter cette expérience», en allusion à Ennahdha.
Les manifestants ont aussi réclamé la libération de l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats, Abderrazek Kilani, arrêté début mars sur ordre de la justice militaire pour «trouble de l’ordre public dans l’intention de s’opposer à l’application de la loi». Il est membre du comité de défense du numéro deux d’Ennahdha, Noureddine Bhiri, poursuivi lui aussi par la justice.