Tunisie : L’opposition manifeste deux ans après le coup de force du président Saïed

26/07/2023 mis à jour: 08:42
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Plusieurs centaines de personnes ont manifesté hier à Tunis contre le coup de force du président Kaïs Saïed qui s’est arrogé les pleins pouvoirs depuis le 25 juillet 2021, réclamant la libération de plus de 20 opposants et personnalités emprisonnés depuis février, rapporte l’AFP.
 

«A bas le coup d’Etat», «Liberté pour tous (les opposants) emprisonnés», ont scandé environ 300 manifestants rassemblés à Tunis à l’appel du Front de salut national (FSN), principale coalition de l’opposition, dont fait partie le parti islamo-conservateur Ennahdha, bête noire du président Kaïs Saïed. Les manifestants ont aussi crié leur colère contre une «magistrature aux ordres». 

Devant la foule, le président du FSN, Ahmed Néjib Chebbi, un vétéran de la politique de 78 ans, a dénoncé devant la foule, «l’échec total» du président Saïed à gérer le pays, ce qui a aggravé, selon lui, la situation financière. Le porte-parole d’Ennahdha, Imed Khemiri, a déploré de son côté «le retour d’une politique d’intimidation (...) qui restreint la liberté d’expression et frappe aussi les médias». «C’est ce que le régime du 25 juillet a fait au cours des deux dernières années», a-t-il ajouté. 

Depuis deux ans, l’opposition organise régulièrement des manifestations contre la «dérive autoritaire» du président tunisien depuis ce qu’elle qualifie de «coup d’Etat» du 25 juillet 2021 quand il a gelé le Parlement et limogé son Premier ministre. Cette mobilisation n’a pas cessé, même après une vague d’arrestations lancée en février, qui a visé des dirigeants politiques de premier plan, dont le chef d’Ennahdha et ex-président du Parlement dissous, Rached Ghannouchi. Des hommes d’affaires ont aussi été emprisonnés ainsi que le directeur de Radio Mosaïque, Noureddine Boutar, libéré sous caution depuis. 

Deux figures de l’opposition Chaima Issa et Lazhar Akremi ont été récemment remises en liberté. Mais tous continuent de faire l’objet d’enquêtes judiciaires. La plupart sont poursuivis pour «complot contre la sûreté de l’Etat» et ont été qualifiés de «terroristes» par le président Kaïs Saïed. La crise politique déclenchée par le coup de force de ce dernier, au départ soutenu par de nombreux Tunisiens, inquiète les ONG tunisiennes et internationales, qui déplorent une régression des libertés. 

«Depuis l’accaparement du pouvoir par le Président, les autorités ont poursuivi sur la voie de la répression en emprisonnant des dizaines d’opposants politiques et de détracteurs du régime, bafoué l’indépendance du pouvoir judiciaire (et) supprimé des garanties institutionnelles en matière de droits humains», a dénoncé lundi Amnesty International dans un rapport. 

Selon l’ONG, qui juge «factices» les accusations contre les personnalités détenues, le président Saïed «a privé les Tunisiens de droits élémentaires qu’ils avaient obtenus de haute lutte (lors de la révolution démocratique de 2011) et alimenté un climat de répression et d’impunité». Plusieurs journalistes et magistrats font également l’objet de poursuites judiciaires. La Tunisie est également secouée par une profonde crise financière et est à la recherche d’aides étrangères.

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