Tunisie : L’opposante Chaïma Issa condamnée à un an de prison avec sursis

14/12/2023 mis à jour: 19:33
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L’opposante tunisienne Chaïma Issa a été condamnée hier à un an de prison avec sursis par un tribunal militaire qui l’a, notamment, reconnue coupable d’«offense» au président Kaïs Saïed sur la base de déclarations dans les médias, selon ses avocats.
 

«La justice militaire condamne la militante politique Chaïma Issa à un an de prison avec sursis», a écrit, sur Facebook, l’une de ses avocates, Islem Hamza, citée par l’AFP.

Une autre membre de son équipe de défense, l’avocate Dalila Ben Mbarek Msaddek a précisé, également sur Facebook, que Mme Issa a été condamnée à six mois de prison pour «incitation» aux militaires à désobéir aux ordres, à quatre mois pour «offense» au chef de l’Etat et de deux mois pour «propagation de rumeurs» dans le but de nuire à la sécurité publique.

Mme Issa, l’une des chefs de file de l’opposition, a affirmé après son audition mardi devant un tribunal militaire que les opposants au président Saïed sont traités comme «des criminels». «Nous ne sommes pas des criminels. Nous ne sommes pas des comploteurs. Nous ne sommes pas des traîtres. Nous sommes des politiciens, opposants au coup d’Etat du 25 juillet» 2021, a-t-elle dit. 
 

Le président Saïed, élu démocratiquement en octobre 2019, s’est arrogé tous les pouvoirs en juillet 2021 et a, depuis, fait réviser la Constitution privant le Parlement de tout réel rôle. 
 

Mme Issa, 43 ans, membre du Front de salut national (FSN), a été emprisonnée en février lors d’arrestations en série dans les rangs de l’opposition. Elle a été libérée le 13 juillet dans l’attente de son jugement. 

L’avocat Samir Dilou, membre de son comité de défense, a critiqué mardi sa comparution devant une instance militaire, «en vertu du fameux décret 54 qui punit les fausses informations». «C’est dangereux», a-t-il indiqué au micro de l’AFPTV. «Elle n’aurait jamais dû être poursuivie pour avoir exprimé ses opinions, ni jugée par un tribunal militaire», a réagi sur X (anciennement Twitter) après l’annonce de la peine, Salsabil Chellali, représentante de l’ONG Human Rights Watch (HRW) en Tunisie.

Depuis février, plus d’une vingtaine d’opposants, d’hommes d’affaires et d’autres personnalités, qualifiés de «terroristes» par K. Saïed, sont emprisonnés sous l’accusation de «complot contre la sécurité intérieure».
Le 5 octobre, la police a arrêté l’opposante Abir Moussi, cheffe du Parti destourien libre, un mouvement nostalgique des régimes du héros de l’indépendance Habib Bourguiba et de son successeur Zine Al Abidine Ben Ali, renversé en 2011 lors de la révolution qui a marqué le début des révoltes arabes.
 

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