Le chef incarcéré du parti d’opposition tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, a entamé une grève de la faim pour protester contre la détention d’opposants en Tunisie et leur exprimer son soutien, a annoncé son mouvement islamo-conservateur.
En détention depuis le 17 avril 2023, R. Ghannouchi, 82 ans, «a décidé d’entamer une grève de la faim (...) en solidarité avec les (autres) prisonniers en grève de la faim et pour soutenir tous les opposants (incarcérés) dans les différentes prisons» du pays, a précisé son parti dans un communiqué, cité par l’AFP.
Plusieurs figures politiques emprisonnées, dont Jawhar Ben Mbarek et Issam Chebbi, des responsables du Front du salut national (FSN), la principale coalition d’opposition, sont en grève de la faim depuis 8 jours pour réclamer d’être remis en liberté.
Dénonçant «des poursuites arbitraires sans fondement» et une volonté du pouvoir d’écarter les opposants de la scène politique, ces personnalités avaient déjà mené, en septembre, une grève de la faim pendant plusieurs jours. La majorité des opposants incarcérés sont poursuivis pour «complot contre la sûreté de l’Etat».
Début février, R. Ghannouchi a été condamné à trois ans de prison pour financement «étranger» illégal de sa formation. Il a déjà écopé le 15 mai 2023 d’un an de prison pour «apologie du terrorisme» dans le cadre d’une autre affaire, une peine durcie à 15 mois en appel en octobre dernier.
Ce verdict a été prononcé à la suite d’une plainte d’un syndicat de police dénonçant des propos qu’il a tenus début 2022 lors des funérailles d’un responsable d’Ennahdha dont il a assuré qu’il «ne craignait ni les puissants ni les tyrans», ce mot désignant les policiers, selon le dossier d’accusation.
Ghannouchi, dont le parti a dominé les gouvernements de la dernière décennie après la révolte de 2011 qui a renversé la dictature de Zine Al Abidine Ben Ali, est le plus célèbre opposant emprisonné depuis le coup de force du président Saïed qui s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet 2021. Depuis février 2023, plus d’une vingtaine d’opposants, d’hommes d’affaires et d’autres personnalités, qualifiées de «terroristes» par K. Saïed, ont été emprisonnés sous l’accusation de «complot contre la sécurité intérieure».