Le candidat à l'élection présidentielle du 6 octobre en Tunisie Ayachi Zammel a été placé en détention provisoire hier, dans le cadre d'une enquête pour des soupçons de «falsification de parrainages», ont annoncé ses avocats, cités par l’AFP.
Cette décision intervient quelques jours après que trois autres candidats, considérés comme des rivaux sérieux du président sortant Kaïs Saïed, qui brigue un second mandat, ont été écartés par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie). Le président Saïed, élu démocratiquement en 2019, est accusé de dérive autoritaire depuis un coup de force le 25 juillet 2021.
Ayachi Zammel a été interpellé puis placé en garde à vue lundi. Le candidat âgé de 43 ans fait l'objet d'un mandat de dépôt depuis hier et doit comparaître aujourd'hui devant le tribunal de Manouba, a indiqué son équipe juridique dans un communiqué. Il fait partie des trois candidats retenus dans une liste «définitive» dévoilée lundi par l'Isie, aux côtés de K. Saïed et Zouhair Maghzaoui, un ancien député de la gauche panarabe.
La justice reproche à A. Zammel d'avoir enfreint les règles sur les parrainages, comme les trois candidats écartés par l'Isie malgré des décisions, la semaine passée, du Tribunal administratif (TA) de les réintégrer dans la course présidentielle.
Abdellatif Mekki, ancien dirigeant du mouvement islamo-conservateur Ennahdha, Mondher Zenaïdi, ancien ministre du régime Ben Ali, et Imed Daïmi, conseiller de l'ex-président Moncef Marzouki, également proche d'Ennahdha, ont été disqualifiés le 10 août avec 14 autres postulants, notamment pour manque de parrainages suffisants.
Des experts ont souligné la difficulté à réunir les parrainages exigés : 10 000 signatures d'électeurs, 10 de parlementaires (réputés acquis à la cause du Président) ou bien 40 d'élus locaux.
Plusieurs candidats potentiels, disqualifiés ou qui ont renoncé, sont poursuivis pour de faux parrainages. Hier, neuf partis politiques et neuf ONG, parmi lesquelles la Ligue tunisienne des droits de l'homme, ont annoncé la création d'un «Réseau tunisien de défense des droits et des libertés».