Tunisie : Grève des avocats après l’arrestation d’une collègue

14/05/2024 mis à jour: 19:59
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Les avocats tunisiens ont observé hier une grève dans tous les tribunaux du pays pour protester contre l’arrestation musclée d’une de leurs collègues au siège du barreau, selon l’Ordre de la profession. «La grève a été respectée à 100%», a indiqué à la presse Laroussi Zguir, président de la section de l’Ordre des avocats de la capitale, cité par l’AFP.

Cette mobilisation a été décidée après l’interpellation par la force, samedi soir, de l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani dans des locaux de l’Ordre des avocats à Tunis, où elle s’est réfugiée après sa convocation en justice pour des propos qu’elle avait tenus à la télévision.

Une juge d’instruction a émis lundi un mandat de dépôt à l’encontre de Mme Dahmani sans qu’elle ne soit auditionnée, a indiqué à l’AFP son avocate, Me Dalila Msaddek. «La juge a estimé que les conditions au sein du tribunal n’étaient pas favorables à la tenue de cette audition», a  ajouté l’avocate.

Dénonçant une «magistrature aux ordres», des dizaines d’avocats ont manifesté dans la matinée devant cette même cour, le tribunal de première instance, pour réclamer la libération «immédiate» de Mme Dahmani.

Lors d’une émission diffusée le 7 mai, Mme Dahmani a lancé sur un ton ironique : «De quel pays extraordinaire parle-t-on ?» en réponse à un autre chroniqueur qui venait d’affirmer que les migrants venus de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne cherchaient à s’installer en Tunisie. Samedi, des policiers en civil portant des cagoules se sont introduits au siège de l’Ordre des avocats à Tunis, agressant des avocats et des journalistes avant d’arrêter Mme Dahmani, selon des vidéos et des témoignages.

Selon ses avocats, Mme Dahmani fait l’objet d’une enquête notamment pour diffusion de «fausses informations dans le but de porter atteinte à la sûreté publique» et «incitation à un discours de la haine», en vertu du décret-loi 54.

Ce décret, promulgué en septembre 2022 par le président Kaïs Saïed, punit  jusqu’à cinq ans de prison quiconque utilise les réseaux d’information et de communication pour «rédiger, produire, diffuser (ou) répandre de fausses nouvelles (...) dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou de porter préjudice à la sécurité publique».

Dans la nuit de samedi à dimanche, deux autres chroniqueurs connus ont été également arrêtés en vertu de ce texte, pour des déclarations dans les médias. Un juge d’instruction a prolongé de 48 heures leur détention provisoire.
 

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