Tunisie: des centaines d'opposants réclament au président de «libérer les détenus»

05/03/2023 mis à jour: 16:21
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«Liberté pour les détenus». Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblées dimanche 5 mars dans le centre de Tunis pour réclamer la remise en liberté de plus de 20 opposants au président Kaïs Saïed, arrêtés ces dernières semaines dans un coup de filet inédit.

«À bas le coup d'État. Liberté, liberté, liberté pour les détenus», scandaient les sympathisants du Front de salut national (FSN), la principale coalition d'opposition. Beaucoup brandissaient le drapeau tunisien et des photos des détenus, selon des journalistes de l'AFP.

Bravant une interdiction de la manifestation par le préfet de Tunis, des dizaines de protestataires se sont rassemblées à la hauteur du Passage, une importante station de bus et tramways du centre-ville.

«S'il vous plaît la marche est interdite»

Après une bousculade, ils ont franchi les barrières de la police pour se diriger vers l'avenue Habib Bourguiba, l'artère centrale où ils étaient plus de 500 manifestants vers 10H00. Un policier muni de haut-parleurs les a priés de se rendre plutôt devant le parti Al Joumhouri d'Issam Chebbi qui fait partie de la vingtaine d'opposants incarcérés. «S’il vous plaît la marche est interdite», a-t-il lancé.

Issam Chebbi est le frère cadet de l'opposant de gauche, Ahmed Nejib Chebbi, 78 ans, président du FSN, une coalition dont est également membre le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, bête noire du président Saïed. Le FSN dont le dirigeant connu Jawhar Ben Mbarek, 55 ans, figure parmi les opposants politiques arrêtés aux côtés de la jeune activiste Chaima Issa, avait appelé à «une manifestation massive».

«Complot contre la sécurité de l'État»

Début février, les autorités ont lancé un coup de filet contre des personnalités politiques dont plusieurs ex-ministres et des dirigeants d'Ennahdha, des hommes d'affaires connus comme Kamel Eltaïef, et le directeur de Radio Mosaïque, la plus écoutée de Tunisie, Noureddine Boutar, les accusant de «complot contre la sécurité de l'État».

Cette vague d'arrestations, sans précédent depuis le coup de force du président Saïed qui s'est octroyé tous les pouvoirs depuis le 25 juillet 2021, a été décrite par Amnesty International comme une «chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques». Depuis l'été 2021, les ONG et les grands partis d'opposition dénoncent une «dérive autoritaire» en Tunisie, faisant vaciller la jeune démocratie issue de la première révolte du Printemps arabe en 2011.

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