Tuez les tous !!!

24/07/2022 mis à jour: 09:40
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L’assassinat de Chirine Abou-Akla par un soldat israélien est un crime qu’il faut ajouter à la longue liste des massacres commis par l’entité sioniste depuis leur occupation de la Palestine. Crimes et massacres qui relèvent de la Cour pénale internationale, si celle-ci avait un sens. Le monde fut choqué par les images de la journaliste étendue par terre, touchée par une balle à la tête.

La vive émotion que souleva cet assassinat va laisser place à une grande indignation au moment des funérailles. Le monde fut témoin de la barbarie sans nom qui déferla sur les Palestiniens à l’hôpital où reposait le corps de la journaliste et sur le parcours du cortège funèbre où personne, de ceux qui accompagnaient la dépouille de l’icône palestinienne, ne fut épargné. Les porteurs de Chirine Abou-Akla sur lesquels se déchaînait la horde raciste, retenaient à grand-peine le cercueil qui faillit à maintes reprises chuter à terre et se briser.

Même morte, la journaliste palestinienne faisait peur. Son engagement aux côtés des martyrisés, des expropriés, des détenus rendait quelque peu justice à ces humiliés, à ces sans-droits, qui trouvaient auprès d’elle, la parole vraie qui leur était refusée et qui pouvait atteindre cette opinion dite internationale, qui n’avait d’ouïe que pour cet artéfact planté dans le cœur du monde arabe. Il fallait, et c’était son sacerdoce, que l’Occident englué dans la propagande pro-sioniste soit interpellé sur les valeurs qu’il prétend incarner et qu’il voit le véritable visage de l’Etat hébreu.

Chirine Abou-Akla obtiendra-t-elle justice  ? Il nous est permis d’en douter. Malgré sa nationalité américaine, elle reste, au final, une Arabe que le concept humanité ne «couvre» pas. Force est de constater que seul les Occidentaux sont éligibles à la compassion, à la justice, au droit, en un mot à la condition humaine.

L’assassin ne sera jamais inquiété parce que ce meurtre s’inscrit dans les pratiques d’un «Etat» qui pense que son existence est liée à la disparition des Palestiniens. La haine, la négation de l’autre et la violence font partie du quotidien des Israéliens et elles sont au fondement de leurs relations aux Palestiniens. Le procès de l’assassin de la journaliste serait le procès d’un système qui s’est érigé sur le racisme, l’injustice et la ségrégation. Tant que ce système bénéficie du soutien de la «communauté» internationale et de quelques régimes arabes, qui se découvrent dans la collaboration, il est assuré de l’impunité. Et c’est à la résistance palestinienne que reviendra la mission historique de libérer son pays du joug de la domination et de mettre un terme aux crimes, au mépris et à l’arrogance des sionistes.

Qui ne se souvient de Mohamed al-Durah, cet enfant de 12 ans, assassiné dans les bras de son père par l’armée sioniste, en septembre 2000, dans la bande de Ghaza. Des soldats israéliens avaient pris pour cibles Djamal al-Durah et son fils, imparfaitement réfugiés derrière un petit abri. Le monde horrifié assistait à ce meurtre en direct. Le père blessé tentait désespérément de protéger son enfant, blotti à ses côtés. La caméra du correspondant de France 2 restait clouée sur cette scène.

Le monde, tétanisé par l’effroi, avait les yeux braqués sur ce drame qui ressemblait à une fiction d’horreur. Il attendait un miracle qui ne pouvait ne pas se produire. 27 minutes d’enregistrement. Une éternité. Paradoxalement, cette durée entretenait l’espoir. L’espoir de voir les soldats mettre fin au sinistre jeu auquel ils se livraient. L’espoir que l’enfant allait être épargné. L’espoir qu’un ordre allait tomber et tirer le monde de ce cauchemar dont il n’arrivait pas à se réveiller. Finalement cet espoir ne déboucha que sur le néant.

Les téléspectateurs, collés à leurs postes de télévision, assistèrent à la longue agonie de Mohamed al-Durah. L’enfant s’éteignit lentement. Il n’avait que 12 ans.

La direction de France 2 va diffuser le reportage au journal de 20 heures en prenant soin de supprimer 9 minutes d’enregistrement. Celles qui montraient le petit Palestinien entrain de mourir et qui, selon le communiqué de la chaîne de télévision, étaient insupportables du fait de «l’intensité dramatique de la scène d’agonie qui interdit déontologiquement sa diffusion complète.»

Charles Enderlin, correspondant Franco-israélien de France 2 en Palestine, fut mis sur la sellette. La meute se déchaîna contre lui, malgré sa fidélité à Israël. On lui conseilla de se défausser sur son cameraman palestinien, s’il voulait garder son emploi et sa «dignité». Son refus inaugura une vaste campagne de désinformation sous le thème de «l’imposture médiatique» qui ne prit fin qu’en 2013 avec le jugement définitif sur la plainte qu’il déposa pour diffamation contre ses détracteurs.

L’opinion internationale et particulièrement française se focalisa sur le procès et non plus sur le crime contre l’humanité, perpétré par les sionistes. Là encore les groupes de pression pro-sionistes vont montrer leur savoir faire et leur efficacité. Malgré l’horreur du crime commis, les nombreuses associations, «intellectuels», écrivains, «philosophes», hommes politiques, journalistes, et autre «historiens», constituant l’arrière ban d’Israël et forts du soutien des gouvernements européens et américain, montèrent au créneau.

Ils firent barrage contre l’antisionisme qui n’est, selon eux, qu’une forme d’antisémitisme, alors qu’en réalité, le sionisme n’a jamais combattu l’antisémitisme. Il s’en est toujours nourri pour amener le maximum de Juifs en Palestine. Mais l’amalgame étant fait et les potentiels «détracteurs» avertis, il était aisé d’empêcher, avec l’aide des tribunaux, toute critique de l’ «Etat» d’Israël.

Malgré sa puissance militaire, supérieure à toutes celles des pays arabes réunis, le soutien de l’Europe et l’aide financière et matérielle des Etats-Unis, le cliché du petit Etat menacé dans son existence par l’ogre arabe, fonctionne toujours. Depuis 1948, cette fable continue à mobiliser une opinion «internationale» totalement acquise à ce greffon que l’Occident, attaché à ses rêves de croisades, a introduit dans la région. Manipulation, désinformation, mensonges accompagnent les crimes d’Israël.

Les assassinats ciblés, les détentions arbitraires, les tortures, les expropriations, les bannissements et les implantations de colonies qui grignotent les quelques espaces de vie octroyés aux Palestiniens s’inscrivent, alors, dans la logique des choses.

Ce pays, pour les sionistes, doit être «nettoyé» de sa population originelle et remplacé par une immigration juive. L’objectif est bien de le vider de ses véritables habitants. Et à défaut d’y parvenir, d’en éliminer le plus grand nombre et terroriser le reste afin de le pousser à l’exil. La Palestine doit leur revenir exclusivement et ses limites s’étendre au-delà des frontières du mandat britannique.

L’épuration ethnique doit s’accompagner de l’extension territoriale. L’espace vital, notion que les sionistes ont héritée du national-socialisme avec lequel ils ont plus d’un point en commun est au cœur de leur stratégie. C’est l’expression d’une convergence idéologique avec le nazisme et où l’expansionnisme territorial s’accompagne de l’élimination au sens large, des populations vaincues.

Parler d’une entreprise d’extermination des Palestiniens n’est pas une figure de style. Elle est inscrite dans le projet de conquête de la Palestine. Dès l’occupation de celle-ci, une véritable politique génocidaire est mise en œuvre. Le «comité des onze», composé «de vieux dirigeants sionistes et de jeunes officiers juifs» que dirigeait Ben Gourion avait décidé de déclencher le plan «D» (Daleth), pour nettoyage ethnique. Suite à ces instructions, l’armée, les organisations paramilitaires et les milices sionistes, étaient appelés à appliquer ce plan dans toute sa rigueur sur la population palestinienne.

Ainsi, le futur chef de l’état-major de l’armée israélienne, Mordehai Maklef, précisa à ses hommes la mission qui leur a été assignée : «Tuez tout Arabe que vous rencontrerez ; mettez le feu à tous les objets inflammables et ouvrez les portes à l’explosif» (1).

Aussi, lorsque la ville de Safed tomba, Hans Lebrecht, un militaire israélien, devenu journaliste, témoigne que les ruines du village, totalement détruit était jonchées de cadavres : «Nous avons en particulier trouvé de nombreux corps de femmes, d’enfants et de bébés près de la mosquée locale. J’ai convaincu l’armée de les brûler»(2). Et Ben Gourion de noter dans son journal : «Abraham Hanuki m’a dit que, puisqu’il ne restait à Safed que cent personnes âgées, elles ont été expulsées au Liban»(3).

L’historien israélien Benny Morris, que l’on ne peut soupçonner de sympathie pour les Palestiniens, a estimé que des centaines de personnes ont été tuées en octobre 1948, dans la localité de Dawayima. Les soldats impliqués rapportent, selon l’historien Ilan Pappe, les horreurs dont ils ont été témoins. «Des bébés au crâne ouvert, des femmes violées ou brûlées vivantes dans leur maison, des hommes poignardés à mort.»(4).

Des crimes contre l’humanité commis sans états d’âme, encouragés et absous par le rabbin Rosen pour qui «les Palestiniens sont des Amalécites et la Torah autorise qu’on les tue ainsi que leurs femmes, leurs enfants, leurs troupeaux...»

Les sionistes ne reculaient devant aucun méfait pour mener à bien cette épuration ethnique décidée par leurs responsables. Seule l’efficacité importait et à Acre, pour accélérer la reddition des Palestiniens, des germes de typhoïde furent jetés, par la Haganah, dans la source qui alimente cette ville. Les habitants affaiblis par la maladie et par les bombardements incessants de l’armée israélienne, finiront par se rendre et quitter leurs demeures. La même opération d’empoisonnement de l’eau va être déjouée à Ghaza (6).

Des milliers de Palestiniens sont ainsi assassinés, par des soldats israéliens, dont les noms, l’âge et les grades sont connus. Ils sont exécutés «impitoyablement et sauvagement» sans qu’aucun d’entre eux n’ait été «jamais poursuivi pour crime de guerre, malgré des preuves accablantes»(5).

Pour le Premier ministre israélien, Ben Gourion, la nécessité d’éradiquer l’élément autochtone était une assurance pour l’avenir afin de prévenir toute revendication territoriale de la part des Palestiniens.

Systématiquement, les villages sont détruits, leurs habitants, du moins pour ceux qui ne sont pas tués, sont expulsés et définitivement interdits d’y retourner. Des villes entières vont changer d’habitants en un laps de temps très court.

Il avait fallu un peu plus d’une journée pour transformer un district à 96% palestinien et à 4% juif, en région presque entièrement juive (7). La mort, la torture et les spoliations sont le sort réservé aux Palestiniens. Il importe pour les juifs, qui sont décidés à occuper ce pays, d’éliminer le plus grand nombre d’Arabes possible, d’effacer toute trace de leur existence de manière à conforter la fable selon laquelle la Palestine était «une terre sans peuple».

Les villes et les villages qui ne sont pas détruits, sont judaïsés, la géographie est reconfigurée pour les besoins d’une historiographie mythique qui ne doit laisser aucune prise à une mémoire palestinienne insoumise. Car là réside l’enjeu et la véritable menace pour le sionisme, cette mémoire, lieu où s’inscrit l’identité collective et qui est le creuset d’un riche patrimoine, de croyances millénaires et d’une histoire particulière.

Cette mémoire, attachée à la terre et aux traditions toujours vivaces est souvent symbolisée par la clef de la maison familiale, gardée jalousement par l’aïeul et qui est transmise de génération en génération avec la certitude d’y revenir un jour. Pour Ben Gourion et le mouvement sioniste, c’est cet espoir qu’il faut traquer et tuer pour que la défaite soit inscrite définitivement dans les corps et surtout dans les têtes.

Il n’est plus besoin de souligner la responsabilité des puissances européennes et en premier lieu celui de la Grande-Bretagne dans la création du foyer juif en Palestine et leur complicité dans le malheur des Palestiniens.

Les Anglais ne furent jamais neutres dans cette guerre coloniale qui opposait ces immigrants européens aux habitants de la Palestine. Très souvent, ils les livrèrent pieds et poings liés à leurs bourreaux. Faisant croire qu’ils assuraient la sécurité des personnes et des biens, ils réquisitionnèrent «les armes aux quelques habitants palestiniens qui en avaient, en promettant de protéger la population contre les attaques juives, après quoi ils sont immédiatement revenus sur leur promesse» (8), en les abandonnant à leur sort.

L’historien israélien Ilan Pappe estime que les Anglais «ont joué un rôle vraiment diabolique». Ils restèrent indifférents devant les crimes qui se commettaient sous leurs yeux contre des habitants que le mandat de l’ONU avait placé sous leur protection. Pire encore, «quelquefois, ils informaient les organisations terroristes, comme l’Irgoun ou les groupes Stern, de la date et de l’heure de leur évacuation (départ), mettant ainsi à la disposition des terroristes des villages entiers dont la population avait été préalablement désarmée». Depuis, cette complicité active des Britanniques et du monde occidental, dans la politique d’épuration ethnique de la Palestine, ne s’est jamais démentie.

Soixante-quatorze ans plus tard, rien n’a véritablement changé, sinon que la situation des Palestiniens s’est aggravée et qu’aujourd’hui, grâce à l’avancée technologique, l’efficacité dans la mort est plus grande et la barbarie plus visible. Les armes interdites par les conventions internationales, telles que les bombes au phosphore ou à fragmentation, sont utilisées, sans scrupules par Israël afin de faire le maximum de victimes.

De 1948 à 2022, ce sont soixante quatorze ans de crimes perpétrés contre un peuple et un déni de justice au vu et au su d’une communauté «internationale» embrigadée sous de multiples prétextes derrière la bannière du sionisme. C’est l’histoire toujours renouvelée des pogroms coloniaux et des processus qui vise à vider le pays conquis de ces habitants.

Cette politique d’extermination menée par Israël est la démarche logique de toute colonie de peuplement qui ne peut «réussir» qu’en procédant à l’élimination systématique de l’autochtone ou à son refoulement en dehors du territoire convoité. Si cette démarche a réussi dans certains pays comme ce fut le cas des Amérindiens, des aborigènes d’Australie ou encore en Tasmanie où cette politique fut un «succès» total, cette entreprise échoua dans d’autres pays comme l’Algérie.

Ce ne fut pas la volonté d’éliminer l’Algérien qui manqua, puisqu’au fondement des massacres collectifs, il y avait cette conscience chez l’occupant d’être dans une sécurité précaire tant que le légitime propriétaire, vaincu mais insoumis, sera toujours là attendant son heure pour réclamer son dû.

La logique coloniale est donc de le détruire et le précédent américain constitue toujours une référence. Montagnac dans sa correspondance privée, en parlant des Algériens, préconisait qu’il fallait «tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger des bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs ; en un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens» (11).

Si l’idée motrice est de détruire en l’homme cette volonté de résistance, de neutraliser par son éloignement toute velléité de revendiquer ou de prétendre à un droit qu’il aurait perdu par les armes, les justifications à son extermination sont protéiformes et répondent au souci des consciences européennes en mal d’être rassurées.

Les mêmes thèses, depuis Cortes et Pizarro, serviront indifféremment et à quelques nuances près, le Portugais, l’Espagnol, l’Anglais, le Français ou plus récemment l’Américain.

L’occupant, incarné par l’homme blanc, est toujours venu pour «diffuser les bienfaits de la civilisation», de «l’instruction» et «libérer l’homme de ses atavismes et de ses structures sociales restées à l’écart du temps». C’est pour mettre en valeur ces terres en friche et exploiter pour «le bien de tous», les ressources inexploitées du fait de ce «fatalisme inhérent à ces races et à cette apathie congénitale propre à ces peuples réfractaires au progrès».

Voilà pour ce qui est des motifs qui couvrent et blanchissent l’entreprise coloniale, mais en réalité l’avenir envisagé pour les natifs se situe entre la mort ou le refoulement. Que ce soit en 1830 pour le cas de l’Algérie ou en 1948 pour la Palestine et bien avant pour d’autres espaces où leurs habitants furent colonisés et exterminés, les arguments et les procédés pour occuper ces pays et massacrer leurs habitants relèvent d’une même logique. Se débarrasser de l’autochtone. Le colon n’avait jamais eu pour projet de cohabiter avec l’habitant mais plutôt celui de se substituer à lui en le détruisant, si possible, en le déportant ou en le poussant à l’exil, sinon.

Pour la colonisation de la Palestine, en plus du sentiment de culpabilité inoculé dans la conscience des Européens, du fait de leur complicité avec le nazisme dans le malheur qui frappa les juifs durant la seconde guerre «mondiale» et savamment entretenu par la propagande sioniste, les motifs «philanthropiques» et «altruistes», pour la consommation courante des opinions «internationales», étaient encore invités au menu colonial.

Les nouveaux occupants n’étaient-ils pas porteurs de «valeurs universelles et d’un idéal socialiste». Le tout représenté par une iconographie qui à l’époque avait fait le tour du monde. Ne voyait-on pas garçons et filles, plein d’enthousiasme, en shorts et en bras de chemise venus «fleurir le désert» ? De coloniser «une terre sans peuple», d’en faire un paradis qui profitera à tous les habitants de la région? Voilà le côté jardin d’une propagande qui accompagna durablement les carnages qui firent des milliers de victimes parmi les Palestiniens.

Plus le crime était odieux et moins il paraissait vraisemblable. Il était difficile, pour une opinion européenne qui ne demandait qu’à être abusée, de croire que ceux qui furent victimes du nazisme puissent faire subir à un autre peuple les atrocités qui s’exercèrent sur eux.

Avec la télévision satellitaire et l’internet, l’information arrive en temps réel et nul ne peut se prévaloir de son ignorance pour ce qui se passe en Palestine. Des faits particulièrement horribles qu’aggrave l’ignominie des gouvernements qui avaient coutume à donner des leçons de démocratie et de respect des droits de l’homme au monde et qui, dans le cas de ce pays observent un silence assourdissant qui en dit long sur leur compromission avec l’Etat sioniste.

Il est plus que nécessaire de revisiter, à l’aune de la Palestine, cet «universalisme» qui justifia, l’impérialisme et les pires horreurs durant des siècles. Déjà au XVI siècle des civilisations florissantes furent détruites par une Europe prosélyte qui, au nom de la «vrai foi», le christianisme, n’hésita pas à massacrer des millions d’êtres humains afin de «sauver leurs âmes». C’est la même rhétorique qui va servir au XIX° siècle à enchaîner des continents entiers, au nom de la «mission civilisatrice» de l’homme blanc, et c’est toujours cet humanisme militarisé qui continue de nos jours, adossé au droit d’ingérence et sous couvert de la défense des droits de l’homme et de la démocratie, à servir de justification, pour porter et la mort et le désespoir et le malheur chez des peuples démunis, de la Palestine à la Libye en passant par l’Irak et la Syrie.

Il faut reconnaître au projet sioniste cette constance dans l’horreur, cette rationalité héritée des camps de la mort et dont les Juifs, les Slaves et les Tziganes furent les plus grandes victimes et qui est appliquée méthodiquement, froidement aux Palestiniens. Si l’espace vital des nazis a servi de justification à la politique d’extermination des Slaves, c’est la «nécessité» du «développement démographique», l’autre pendant du «Lebensraum», jugé comme l’aboutissement du projet sioniste, qui est à la base des massacres et des expulsions des Palestiniens.

Près de deux mois sont passés depuis l’assassinat de Chirine Abou-Akla et à part l’émotion et l’indignation provoquées dans le monde au sein des corporations de journalistes, d’intellectuels ou d’hommes politiques rien ne semble venir inquiéter Israël. Pour ce dernier, la mort de Chirine Abou-Akla semble être le dernier de ses soucis occupé qu’il est à la judaïsation d’El-Qods, au bombardement de Ghaza et à ses efforts pour entraîner l’Europe et les Etats-Unis, dans une nouvelle croisade contre l’Iran.

La présentation d’Israël devant la C.P.I n’est certainement pas pour demain, alors qu’il est évident que l’Etat hébreu commet des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, définis clairement par la 4° convention de Genève. Il est vrai que la pusillanimité et la veulerie des régimes arabes, chargés de contenir la colère de leurs peuples, facilitent la tâche d’un Israël libéré de toutes pressions morale, diplomatique ou économique et qui n’a en face de lui que la résistance d’un peuple pugnace, attaché à sa terre et à sa dignité. Khaled Bensmaïn

Notes :

1)- Ilan Pappe : Le nettoyage ethnique de la Palestine, éd. Apic. Alger 2008, p.134

2)- Ilan Pappe, op.cit. p.137

3)- D. Vidal et S. Boussois : Comment Israël expulsa les Palestiniens éd Apic, Alger 2009, p. 12

4)- Idem, p. 204

5)- Idem, p. 212

6)- Ilan Pappe, op.cit.140

7)- D. Vidal et S. Boussois, op.cit. p.206

8)- Idem, p.138

11)- Montagnac : Correspondances. Lettres d’un soldat. Algérie, 1837-1843 , p.153

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