L’Inde a qualifié hier d’«absurdes et sans fondement» les allégations visant son ministre de l’Intérieur, Amit Shah, au Canada, soupçonné d’être impliqué dans la traque de séparatistes sikhs à l’étranger, rapporte l’AFP citant la diplomatie indienne.
«Le gouvernement indien proteste avec la plus grande fermeté contre les références absurdes et sans fondement faites au ministre de l’Intérieur de l’Union indienne», a déclaré à la presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Randhir Jaiswal. «Nous avons convoqué le représentant du haut commissariat canadien hier. Une note diplomatique a été remise», a-t-il ajouté.
Le Canada abrite la plus grande communauté sikhe en dehors de l’Inde et compte un grand nombre de militants en faveur d’un Etat sikh indépendant, appelé le Khalistan. Mardi, des responsables canadiens ont révélé l’existence de liens crédibles entre une campagne d’intimidation visant des militants du Khalistan et les plus hautes sphères du gouvernement du Premier ministre Narendra Modi. Une agence d’espionnage canadienne a affirmé le lendemain que New Delhi utilisait la cybertechnologie afin de traquer des séparatistes à l’étranger.
Témoignant devant un comité de la Chambre des communes canadienne, David Morrison, vice-ministre des Affaires étrangères, a confirmé les propos du Washington Post qui impliquait Amit Shah, plus proche allié politique de N. Modi, dans cette affaire. Selon le journal américain, le ministre indien de l’Intérieur a autorisé une campagne de collecte de renseignements et d’attaques au Canada, incluant l’assassinat de Hardeep Singh Nijjar en 2023.
«Indices clairs»
Randhir Jaiswal a accusé les fonctionnaires canadiens de transmettre délibérément des «insinuations infondées» aux médias pour «discréditer l’Inde». «De telles actions irresponsables auront de graves conséquences sur les relations bilatérales », a-t-il averti.
A plusieurs reprises, Ottawa a accusé New Delhi d’avoir orchestré l’assassinat à Vancouver, en 2023, de Hardeep Singh Nijjar, citoyen canadien naturalisé âgé de 45 ans, qui militait pour la création du Khalistan. Et il y a deux semaines, le Premier ministre Justin Trudeau ainsi que la police fédérale ont affirmé qu’il existait des «indices clairs» de l’implication de l’Inde dans ce meurtre, ainsi que dans une vaste campagne d’intimidation et de violence à l’encontre de militants du Khalistan sur le sol canadien. L’Inde a qualifié ces accusations d’«absurdes». S’en est suivie l’expulsion réciproque des ambassadeurs et de cinq autres diplomates de haut rang des deux pays.
Amit Shah, 60 ans, est souvent considéré comme le deuxième homme le plus puissant de l’Inde après le Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi, et les deux hommes sont de proches alliés politiques depuis des décennies. En 2005, il a été accusé d’avoir ordonné à la police de procéder à l’exécution extrajudiciaire d’un gangster et de deux autres personnes alors qu’il était ministre de l’Intérieur dans l’Etat du Gujarat. Il a été brièvement emprisonné avant d’être acquitté des accusations de meurtre, d’extorsion et d’enlèvement en 2014, après la large victoire aux élections de Narendra Modi et son parti, le Bharatiya Janata Party (BJP).