Transport interwilayas à l’est le jour de l’élection présidentielle : Des passagers malmenés

09/09/2024 mis à jour: 15:42
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Les citoyens doivent aussi saisir les directions des transports pour qu’elles puissent intervenir

Alors que les directions des transports dans les wilayas ont veillé à garantir la gratuité des déplacements urbains pour permettre aux citoyens d’accéder aisément aux bureaux de vote et accomplir leur devoir électoral le 7 septembre, certains conducteurs de bus interwilayas ont décidé de ne pas assurer totalement leurs activités durant cette journée. 

Cette décision a causé de nombreuses souffrances, notamment parmi les passagers, comme cela a été signalé dans certaines localités des wilayas limitrophes à la wilaya de Constantine. Un exemple frappant est celui d’un groupe de femmes, bloqué pendant trois heures à attendre un bus sur la ligne Collo-Constantine, vivant une véritable épreuve. 

En vain. «J’ai dû recourir à un transporteur clandestin pour la somme exorbitante de 4 000 DA, après une longue négociation, afin de me rendre à Constantine», a déclaré l’une des femmes originaires de Constantine, qui, épuisée, n’a atteint sa destination qu’aux alentours de 17h. 

Ce phénomène, selon d’autres témoignages, aurait débuté dès l’après-midi du jeudi 5 septembre, où de nombreux voyageurs se sont retrouvés sans moyens de transport pour se rendre dans d’autres agglomérations des wilayas de l’Est. Un jeune homme de 26 ans témoigne : «En fin d’après-midi, j’ai voulu prendre un bus pour Aïn El Ksab dans la région de Collo, à partir de la gare routière Est Sahraoui Tahar de la ville de Constantine, mais on m’a sèchement indiqué qu’aucun transport n’était disponible. J’étais abasourdi.»

 Pis encore, d’autres récits révèlent que le conducteur d’un bus assurant la liaison Annaba-Skikda a refusé de déposer des passagers à El Harrouche, bien que cette ville soit incluse dans l’itinéraire officiel affiché sur le véhicule. Une violation manifeste des règles et des dispositions du cahier des charges régissant l’activité du transport des voyageurs. 
 

Les conducteurs imposent leur diktat


Face à cette situation, de nombreux citoyens ont exprimé leur colère envers les autorités en charge du secteur des transports, en particulier lors d’événements aussi cruciaux que les élections présidentielles. «Si tu n’as pas de véhicule, tu es condamné. 

C’est le résultat direct de la privatisation du transport collectif, où les chauffeurs imposent leur diktat au détriment du bien-être des citoyens», s’indigne un des témoins. Il souligne que les week-ends connaissent fréquemment ces perturbations, particulièrement après la saison estivale. En effet, certains chauffeurs de bus ont confié à El Watan que l’activité tend à diminuer lors de tels événements. Certains justifient la suspension par une faible affluence. «Je ne peux pas effectuer deux trajets avec seulement deux passagers à bord, cela n’a aucun sens», déclare un conducteur, ignorant ainsi que l’absurdité réside dans le non-respect des engagements contractuels dans des circonstances aussi exceptionnelles. 

Cette attitude a été partagée par plusieurs chauffeurs, sans qu’ils ne mesurent les conséquences graves que peuvent engendrer de tels comportements. De son côté, Mohamed Belal, président de l’Union nationale algérienne des transports (UNAT), a rappelé qu’une note a été envoyée à l’ensemble des conducteurs, sans exception, les enjoignant de maintenir le service durant cette période, en particulier lors du scrutin. «Nous avons pris la décision de rester au service des citoyens, même en cas de baisse de la fréquentation. 

Par exemple, à la gare routière du Caroubier à Alger, nous avons constaté une diminution notable, avec un taux de circulation de seulement 4 à 5%. Néanmoins, nous avons insisté pour que le service soit assuré, même s’il ne s’agit que d’un ou deux passagers», a-t-il affirmé, tout en qualifiant d’irresponsables les comportements observés chez certains chauffeurs.

 Toutefois, notre interlocuteur précise qu’il ne s’agit-là que de cas isolés. Il incombe également une part de responsabilité aux citoyens, qui, selon lui, devraient signaler ces manquements aux directions de transport des wilayas concernées.

 Cela permettrait de convoquer les chauffeurs incriminés devant un conseil de discipline, afin de prendre les mesures appropriées.                              

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