Un nouveau plan ambitieux décliné par des experts nationaux. Il s’agit de promouvoir une collaboration intersectorielle et développer des solutions adaptées aux réalités algériennes et africaines mais aussi fabriquer des équipements performants, compétitifs et adaptés aux spécificités régionales.
Acteur dans la transition énergétique, le Green Energy Cluster Algeria (GEC’A) vient de rendre publiques ses propositions pour les énergies renouvelables en Algérie. Coordonné par l’expert Boukhalfa Yaïci, le plan sectoriel des énergies renouvelables présenté est une feuille de route pour le secteur à l’horizon 2050 pour des objectifs ambitieux en matière de transition énergétique, d’efficacité énergétique et d’industrialisation verte.
A l’horizon 2050, l’Algérie comptera 65 millions d’habitants, contre 50 millions en 2030, avec une demande en électricité estimée à 27 GW pour la consommation domestique seule. «Ces projections, qui excluent les besoins liés à l’industrialisation, au secteur minier, la mobilité et à la production d’hydrogène vert, soulignent l’urgence d’une réflexion proactive et structurée pour répondre à ces défis», estiment les experts du GEC’A.
Le plan en question identifie deux priorités stratégiques, à savoir décloisonner les systèmes existants et produire localement. C’est-à-dire, expliquent ses promoteurs, promouvoir une collaboration intersectorielle et développer des solutions adaptées aux réalités algériennes et africaines mais aussi fabriquer des équipements performants, compétitifs et adaptés aux spécificités régionales.
Dans son volet «Production des EnR adaptées au contexte algérien», le plan propose des solutions, comme maximiser l’exploitation de l’énergie solaire sans empiéter sur les terres agricoles ; développer un éolien résilient, adapté aux conditions abrasives et chaudes du continent, tout en simplifiant la maintenance et exploiter en permanence les couloirs venteux pour la consommation lorsqu’il y a la demande et pour le stockage.
Il a été proposé aussi de promouvoir des installations d’hydrogène vert à petite et moyenne échelles pour le stockage d’énergie verte, les sites isolés (comme les exploitations agricoles du Sahara) et les villages africains ainsi que valoriser les déchets organiques et recyclables pour produire électricité et sous-produits, tout en favorisant un environnement propre.
Se fixant comme but ambitieux d’atteindre une production 100% verte à l’horizon 2050, en valorisant les ressources nationales, les experts du GEC’A estiment que cet objectif doit être accompagné par une importante batterie d’actions et de mécanismes regroupant les aspects réglementaires, de tarification, de facilitation et d’accompagnement de nouveaux investissements, le financement des actions et la mise en place de nouveaux mécanismes innovants destinés à inciter nos concitoyens et nos entrepreneurs à rendre leurs consommations responsables à base d’énergie verte et à faible impact carbone.
Par ailleurs, le développement de chaînes de valeur est considéré comme le cœur du rapport, à travers notamment la construction des filières locales complètes pour chaque technologie EnR, adaptées aux marchés algérien et africain et compétitives à l’échelle internationale. Mais aussi le développement des compétences algériennes et la promotion des organisations ainsi que les entreprises nationales dans le domaine, «afin de parvenir à consommer, un jour, des produits et des solutions entièrement algériens».
L’urgence d’une décarbonation
Les rédacteurs du plan soulignent que décarboner notre économie devient une urgence afin de réduire son empreinte carbone, augmenter les exportations hors hydrocarbures et accéder à des marchés dont les nouvelles barrières non tarifaires (exemple du CBAM qui sera imposé par l’Union européenne en 2026) vont davantage vers des produits et services en conformité avec la protection de l’environnement et des critères ESG.
Ainsi, il faut s’appuyer sur les EnR pour produire, transformer et valoriser les dérivés de l’hydrogène vert susceptible de sortir définitivement le pays de la rente liée aux hydrocarbures, relèvent les experts du GEC’A. Le plan a plaidé, en outre, pour des partenariats stratégiques, «essentiels pour permettre de mutualiser les ressources, d’accélérer la mise au point de solutions et de maximiser leur impact ou aussi développer des capacités nationales via des collaborations avec des acteurs internationaux favorisant le transfert de savoir-faire et renforçant ainsi l’écosystème local».
Ces partenariats faciliteraient le codéveloppement de produits et composants, le renforcement des capacités nationales en innovation et la production locale pour les besoins nationaux et régionaux, selon les rédacteurs du plan.
Enfin, le volet réglementaire n’a pas été en reste de la nouvelle feuille de route du GEC’A, puisqu’il a été proposé la révision de la loi sur l’électricité et le gaz (loi 02-01) ; la relance de la démarche des appels d’offres aux enchères (DE n°17-98) ainsi que l’application du régime fiscal préférentiel (DE n°20-313) pour le panneau solaire produit localement.
D’autres aspects concernant l’industrie, l’émergence de nouveaux segments de marché pour le solaire photovoltaïque, la création de mini-réseaux pour l’agriculture et les foyers épars, la mise en place d’agréments pour les bureaux d’études et les entreprises d’installation ainsi que le contrôle de conformité des installations EnR dans l’optique d’un échange d’énergie avec le distributeur d’énergie ont été détaillés.