Les Etats-Unis ne «cherchent pas l’escalade» mais continueront à défendre Israël après l’attaque sans précédent de l’Iran. C’est ce qu’a déclaré hier le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, selon des propos recueillis par l’AFP.
«Nous ne cherchons pas l’escalade mais nous continuerons à défendre Israël et à protéger nos effectifs dans la région», a-t-il indiqué à l’entame d’une réunion à Washington avec le Premier ministre adjoint irakien, Muhammad Ali Tamim. «Je pense que ce week-end a démontré qu’Israël n’avait pas à se défendre seul lorsqu’il est victime d’une agression, d’une attaque, et qu’il n’a pas à le faire», a-t-il dit en condamnant l’attaque iranienne d’«une portée et d’une grandeur sans précédent», la première à viser directement Israël. Le chef de la diplomatie américaine a encore fait part d’une intense séquence diplomatique «ces dernières 36 heures, visant à coordonner une réponse diplomatique pour tenter d’empêcher l’escalade» dans la région. Il s’est notamment entretenu avec ses homologues égyptien, jordanien, turc, saoudien, britannique et allemand, selon le département d’Etat.
De son côté, la diplomatie iranienne a observé que les pays occidentaux «devraient apprécier la retenue de l’Iran» face à Israël à la suite de l’attaque menée par Téhéran contre le territoire israélien en riposte à une frappe meurtrière sur le consulat iranien à Damas. Les pays occidentaux «devraient apprécier la retenue de l’Iran au cours des derniers mois», «au lieu de porter des accusations», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Nasser Kanani, lors d’une conférence de presse à Téhéran. Les Etats-Unis et les pays européens ont condamné l’attaque iranienne inédite ayant visé Israël dans la nuit de samedi à dimanche, que Téhéran présente comme une opération «d’autodéfense» après la frappe du 1er avril contre le consulat iranien à Damas imputée à Israël. Les dirigeants des pays du G7 ont dénoncé dimanche «unanimement» l’opération militaire de l’Iran qui, «avec ses actions», «risque de provoquer une escalade régionale incontrôlable».
«Notre conseil à tous les partisans du régime sioniste est d’apprécier l’action responsable de l’Iran et, au lieu de choisir des propos disproportionnés contre l’Iran, de mettre en garde le régime sioniste contre d’autres maux qui auront des conséquences incalculables pour ce régime», a réagi le porte-parole de la diplomatie iranienne. «Nous sommes fermement convaincus que sans le feu vert des Etats-Unis, Israël n’aurait pas osé attaquer la représentation diplomatique de l’Iran», a réitéré N. Kanani, alors que Washington a affirmé à plusieurs reprises ne pas avoir été impliqué dans cette opération.
Échange d’accusations
Dimanche, Israël et l’Iran se sont mutuellement accusés à l’ONU d’être la principale menace pour la paix au Moyen-Orient, appelant chacun le Conseil de sécurité à imposer des sanctions contre leur ennemi juré.
«Le masque est tombé. L’Iran, premier soutien mondial du terrorisme, a exposé son vrai visage de déstabilisateur de la région et du monde», a lancé l’ambassadeur israélien à l’ONU, Gilad Erdan, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité convoquée à son initiative après l’attaque sans précédent de Téhéran contre Israël. «Le masque est tombé, il faut enfiler les gants», a-t-il ajouté, appelant le Conseil de sécurité à «agir». Il lui a ainsi demandé de désigner comme «organisation terroriste» les Gardiens de la révolution et d’«imposer toutes les sanctions possibles contre l’Iran avant qu’il ne soit trop tard». Il a en particulier fait référence au mécanisme du «snapback» qui permet aux membres de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, dont les Etats-Unis sont sortis en 2018, de réimposer les sanctions internationales contre Téhéran, alors levées en échange de l’engagement iranien à ne pas mener d’activités nucléaires à des fins militaires.
«Nous avons une responsabilité collective en tant que membres du Conseil de sécurité d’assurer que l’Iran respecte les résolutions du Conseil et cesse ses violations de la Charte» de l’ONU, a souligné de son côté l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood. «Dans les prochains jours, en consultations avec d’autres Etats membres, les Etats-Unis vont examiner des mesures additionnelles pour que l’Iran soit tenu responsable, ici aux Nations unies», a-t-il ajouté.
Selon l’armée israélienne, l’Iran a envoyé dans la nuit de samedi à dimanche «un essaim de 300 drones tueurs, des missiles balistiques et des missiles de croisière». Une attaque que les Israéliens affirment avoir largement déjouée. L’Iran a justifié son attaque baptisée «Promesse honnête» en réponse à la frappe le 1er avril contre son consulat à Damas. Israël n’a ni confirmé ni démenti cette frappe qui coûté la vie à sept membres des Gardiens de la révolution.
«Le Conseil de sécurité a failli à son devoir» en ne condamnant pas la frappe du 1er avril, a affirmé l’ambassadeur iranien à l’ONU, Amir Saeid Iravani. Et «dans ces conditions, la République islamique d’Iran n’a pas eu d’autre choix que d’exercer son droit à l’autodéfense», a-t-il ajouté, assurant que Téhéran ne voulait pas d’escalade mais répondrait à «toute menace ou agression». Il s’en est également pris à Israël. «Il est temps pour le Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités et de faire face à la véritable menace pour la paix et la sécurité internationales», a-t-il observé.
Le Conseil «doit prendre des mesures punitives d’urgence pour forcer ce régime à arrêter le génocide contre la population de Ghaza». Israël est depuis la révolution iranienne de 1979 l’ennemi juré de la République islamique. Mais jusqu’à présent, Téhéran s’est gardé d’attaquer frontalement Israël et les deux pays ont l’habitude de s’affronter par tiers interposés, comme le Hezbollah libanais.