Tipasa : Un patrimoine cultuel inexploité, livré au vandalisme

21/05/2022 mis à jour: 12:35
1938
Marabout du Saint Sidi Braham El-Ghobrini

Les principales localités de la wilaya sont parsemées des patrimoines cultuels, malheureusement inexploités, pourtant ils sont une source de revenus. 
 

Ailleurs, chez nos voisins, ces patrimoines font l’objet de plusieurs visites touristiques. Chaque site du patrimoine cultuel, mosquées, habitations des Saints marabouts, qui a échappé à la «disparition», dissimule un passé historique, des légendes, des traditions. 

Ils étaient devenus des espaces dans lesquels des marées humaines, notamment des familles convergent vers ces lieux, passent des nuits, des jours pour organiser leurs wâadas, se rencontrent, prient, expriment des vœux. 

Ces édifices religieux font partie du patrimoine de la wilaya de Tipasa, un territoire à vocation touristique dit-on officiellement, concrètement, aucun intérêt n’est exprimé pour développer cette activité économique, créatrice de richesses. L’attractivité à créer autour de ces patrimoines cultuels ne figurent pas dans la feuille de route des responsables désignés par les pouvoirs publics pour gérer les affaires publiques locales. 

Les exemples ne manquent pas. Koléa, Cherchell, Hadjout, Gouraya, Sidi-Sémiane, Tipasa, Menaceur, Aghbal peuvent constituer des étapes lors des excursions des touristes. Durant la décennie rouge, certains sites érigés dans les zones rurales avaient été entièrement détruits par les hordes criminelles, résultat de l’obscurantisme. D’autres avaient disparu avec les constructions des équipements publics. 

Moult lieux des saints avaient été les foyers de la résistance contre les invasions des forces étrangères. Gouraya, ville côtière, dispose d’un monument, Sidi Braham El Khouas ; la commune rurale de Sidi Sémiane demeure fière de son Saint-Marabout Sidi Sémiane ; Tipasa, le chef-lieu de la wilaya est pourvu également de ses monuments, Sidi Abdelkader situé au centre de la ville, Sidi Braham, Sidi Abderrahmane, Sidi H’mada, Sidi El Makhfi se trouvent sur les deux versants du mont Chenoua, un monument naturel qui domine la plaine de la Mitidja ; Hadjout, l’ex- Marengo, s’enorgueillit du site Eddakhla où sont enterrés 41 chouhada, dont une femme, tombés au champ d’honneur en 1848 et la forêt de Sidi Slimane qui fut un refuge de la tribu des Hadjoutes ; Menaceur pays des valeureux Beni Mennasseurs, une commune rurale pourvue des sites qui avaient marqué l’histoire du pays, en l’occurrence le marabout de Sidi M’hamed Aberkane et celui de Sidi Abdellah Bouamrane qui avait épousé la fille de Sidi M’hamed Aberkane, des foyers de la résistance, et aussi les lieux de naissance de Sidi Aïssa El Berkani, l’un des lieutenants de l’émir Abdelkader, l’autre héros Malek El Berkani né en 1805, déporté par la France coloniale vers l’île Sainte Marguerite en 1842, et d’autres combattants de la tribu des Beni Menasseurs avaient été déportés dans des conditions inhumaines par les soldats français vers la Nouvelle-Calédonie, en plus de ces deux monuments érigés en mémoire de ces guerriers algériens, il existe Sidi Charef et Sidi M’hamed Ouali dans cette commune rurale dominée par le Pic de Menaceur ; l’autre localité millénaire, Koléa, est connue par la mosquée de Sidi Ali M’Barek, l’un des redoutables lieutenants de l’émir Abdelkader, la mosquée de Sidi Chérif, le marabout de Sidi Bouzid disparu complètement au milieu du centre universitaire de Koléa, au même titre que le siège du Saint Sidi El-Miliani, Lalla Rouba et la mosquée El-Atik construite au XVIIIe siècle par les Turcs ; et enfin la ville de Cherchell compte plusieurs marabouts dont certains sont en bon état physique, néanmoins l’absence de documents plonge dans l’ignorance de leurs histoires, nous relevons la présence des édifices du Saint Sidi Braham El Ghobrini, Sidi Abderrahmane, Sidi M’hamed Lamghith, Sidi Abdellaziz, Sidi Yahia, Sidi Boulahrouz, Sidi Younès, Sidi Ali El Ferki, la mosquée aux 100 colonnes hélas agressée par les commerces, pourtant construite en 1576 par les Andalous, mosquée dans laquelle l’émir Abdelkader a effectué une halte pour la prière du dhor, avant d’aller à la rencontre de son lieutenant El-Berkani à Menaceur, la mosquée du marché communal El-Atik construite au temps de l’ère ottomane, modifiée par force par la colonisation française, en diminuant les dimensions de la mosquée en 1878, tout en réhabilitant hypocritement le petit mausolée de Sidi Ali Bentaleb, la même année, sites situés à quelques de mètres de la prison turque, détruite hélas. Autant de patrimoines qui méritent des recherches. 

Epars sur le territoire de la wilaya de Tipasa, ils seront en mesure de développer le tourisme cultuel, de surcroît faire découvrir les richesses du passé, inconnues pour les citoyens, si la prise en charge est concrète. Le vandalisme et l’inconscience ont causé des dégâts. 


 

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