Tim Burton, l’âme gothique de Hollywood : «Je préfère que mon travail parle de lui-même»

27/08/2024 mis à jour: 15:01
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Tim Burton, réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain - Photo : D. R.

Adepte du «stop motion», une technique d’animation image par image, Tim Burton intègre Disney grâce à une bourse et y use ses premiers crayons. Il est l’une des petites mains qui travaille sur le dessin animé Rox et Rouky (1981).

Tim Burton est comme ses films, il ne vieillit pas : le réalisateur, qui présente en avant-première à Venise Beetlejuice Beetlejuice, s’est imposé dans le cinéma avec son univers sans pareil, gothique, bizarre et toujours tendre.

De Edward aux mains d’argent (1990) à Charlie et la chocolaterie (2005), ses films sont des classiques instantanés, qui se voient et se revoient de génération en génération sans rien perdre de leur magie noire. Un goût pour le sombre et les monstres que cet anticonformiste rattrapé par le succès cultive depuis son enfance, passée dans l’ombre de l’usine à rêve, à Burbank, banlieue pavillonnaire de Los Angeles qui abrite le siège de grands studios dont Disney.

«Les films fantastiques et les films d’horreur que j’ai vus dans mes jeunes années ont été mon sanctuaire, mon refuge», confiait en 2022 le réalisateur, cheveux en bataille, à Lyon, où lui était remis le prestigieux Prix Lumière. Enfant solitaire, sauvé par le dessin, Tim Burton raconte s’être toujours senti à part. L’un de ces «weirdos», ces gens que les autres considèrent comme «bizarres». 

«J’aimais tout ce qui était un peu différent, étrange. Je ne correspondais pas aux catégories classiques», poursuit celui qui a souvent mis en scène les banlieues américaines trop parfaites. Quelques décennies plus tard, l’homme reste assez taiseux, préférant créer qu’expliquer son monde peuplé de squelettes, de fantômes et de cavaliers sans tête. «(...) J’aimerais conserver une part de mystère», confiait-il encore à Lyon.

En marge

Adepte du «stop motion», une technique d’animation image par image, Tim Burton intègre Disney grâce à une bourse et y use ses premiers crayons. Il est l’une des petites mains qui travaille sur le dessin animé Rox et Rouky (1981).

Mais l’excentrique se trouve vite à l’étroit dans les couloirs de la firme aux grandes oreilles, qu’il quitte. Car il n’aime rien tant que le bricolage, le fait main, l’imparfait, dont le charme se ressent dans Beetlejuice (1988), conte gothique où mourir semble une vaste blague et qui veut croire à la coexistence pacifique des fantômes et des humains.

Premier tournant un an plus tard avec Batman, dans lequel il embarque à nouveau Michael Keaton et ouvre une nouvelle ère aux super-héros, en s’appropriant le genre et brisant le mythe du personnage lisse et parfait. Ses autres acteurs fétiches seront Helena Bonham Carter (son ex-compagne, avec qui il a eu deux enfants) ou Johnny Depp, découvert dans Edward aux mains d’argent, anti-conte de fées dans lequel Edward, créature aux ciseaux à la place des mains, détruit ce qu’il touche.

Le duo Burton-Depp se reformera pour sept autres films, dont Charlie et la chocolaterie, où le comédien développe la part de noirceur du chocolatier Willy Wonka, personnage créé par Roald Dahl, Sleepy Hollow ou Ed Wood, ode au cinéma de série B. Le cinéaste s’est aussi échappé du côté de la comédie science-fiction avec Mars Attacks !, pastiche délirant et acide du rêve américain.

Avec son univers à mille lieux des contes de fées, Tim Burton travaillera pourtant à nouveau pour Disney, avec les adaptations en prise de vues réelles de Alice au pays des merveilles et Dumbo ou pour L’Etrange Noël de Monsieur Jack, conte gothique de Noël qui porte sa patte même s’il ne l’a pas réalisé lui-même, pris par son deuxième Batman.

Son univers ne semble pas prendre une ride : les plus jeunes se sont rués l’an dernier sur sa série Mercredi, produite pour Netflix et inspirée de la famille Addams, propulsée par la jeune star Jenna Ortega.

A 21 ans, elle a aussi rejoint ce nouveau Beetlejuice, une suite que Tim Burton fut longtemps réticent à envisager et qui s’annonce comme un retour aux sources. Le film répond à «un besoin de qualité artisanale», a confié le réalisateur, qui retrouve Keaton, Winona Ryder et Catherine O’Hara, à Entertainment Weekly.

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