Tiaret : Des cultivateurs non recensés interdits de livrer leurs céréales

19/06/2022 mis à jour: 05:35
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Photo : D. R.

Le lancement de la campagne de moisson-battage, dans la wilaya de Tiaret, a été une occasion, pour des centaines de cultivateurs, d’exposer aux autorités locales les difficultés qu’ils rencontrent quant à la livraison de leurs céréales, et ce, selon eux, à cause de problèmes liés à la bureaucratie.

À Tiaret, la campagne moisson-battage a commencé, officiellement, le lundi 13 juin dernier au niveau de la ferme pilote Boukhetache Bouziane, à Rahouia, et cela au moment où le monde agricole, — du moins, des centaines de cultivateurs —, butent sur un aspect bureaucratique qui n’a pourtant pas lieu d’être si on s’en tient aux déclarations du chef de l’exécutif, à l’issue d’une cérémonie grandeur nature dans les vastes champs de l’ex- Montgolfier, où il a préconisé, afin d’engranger le maximum de céréales, «la facilitation de la tâche aux fellahs qui ne disposent pas d’actes attestant de la propriété des terres».

Cela dit, cette note, qui a valeur de «fetha» n’a pas empêché certains bureaucrates de s’arroger le droit de bloquer les produits non sans inviter les fellahs dépités par la tournure d’attendre une hypothétique levée de la restriction. Le wali de Tiaret, en marge de sa visite au sud-est de la wilaya dans les régions de Kermès, Medrissa et Madna, ne s’attendait certainement pas à cette demande paysanne exprimée de la plus claire des manières.

Pris certainement au dépourvu, il leur dira «d’attendre de voir tous les sons de cloche pour décider». Il est utile de rappeler que cette année, et en dépit de la faible pluviométrie, la capitale du Sersou a été relativement bien arrosée au sortir de l’hiver et d’aucuns fondent de gros espoirs à voir les champs parsemés de belles et vigoureuses graines. L’entrain est tel et les projections autant.

«On table sur une production de près de 3 millions de quintaux et les dispositions pour en engranger au moins 2,8 millions de quintaux ont été prises», dira le wali, Mohamed Amine Deramchi dans une déclaration de presse.

L’incompréhension est d’autant plus vive que «précédant la campagne, beaucoup de réunions en commissions de daïras ont été tenues à l’effet de  recenser toutes les exploitations agricoles potentielles» non sans «réunir toutes les conditions pour garantir le succès à cette opération» de destin national, est-il noté dans le dernier communiqué de la wilaya.

Pourquoi a-t-on omis de signaler les centaines d’exploitations non recensées et qui pourraient s’étaler sur 230.000 hectares de terres ? L’opération est facile à déduire quand on sait que la wilaya depuis la nuit des temps faisait état de 450.000 hectares de terres à emblaver chaque année.

Toutes les archives de la presse et des autorités existent pour corroborer cela. Pour la campagne 2022/2023 l’on parle officiellement que de 250.000 hectares de terres. Ou sont donc passés les 230.000 autres hectares ? Evoquer 1200 moissonneuses-batteuses, 5600 tracteurs et moyens de transport, 59 points de collecte et faire des prévisions c’est de bon aloi. Assurer de tout engranger est une… autre bataille.    

 

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