Tiaret : Ces jardins qui ont perdu leur vocation

14/01/2023 mis à jour: 07:28
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Jardin Bouchareb Nacer à Tiaret

En créant l’EPIC Tiaret-Nadhafa par arrêté du 26 mars 2018, la wilaya a assigné comme missions prioritaires, l’hygiène, le verdissement et l’éclairage public. Que d’encre a coulé depuis et beaucoup espéraient voir dans cette entité un meilleur cadre de vie. Les populations de Tiaret-ville espéraient voir la capitale du Sersou se départir ainsi de ces tares liées à l’insalubrité publique et par conséquent aux problèmes de l’enlèvement des déchets ménagers mais aussi pour voir Tiaret retrouver son lustre et certains de ses espaces verts qui faisaient la fierté des habitants. De tout ça que nenni. Quand on parle espaces verts, il faudrait principalement évoquer ces jardins qui ont disparu ou perdu leur âme du fait de conséquences conjuguées, dont l’urbanisation sauvage, l’incivisme mais aussi le laxisme ambiant, voire les complicités à quelques niveaux que se soient. Tout le monde a en mémoire cette bataille engagée par la wilaya avec un locataire qui a transformé, par la grâce d’un maire permissif, l’un des poumons de la ville, le jardin Bouchareb Naceur, ex-Jardin du monument aux morts en un mini parc zoologique. Récupéré au prix d’une farouche volonté d’un ex-wali, ce haut lieu de la villégiature et de la détente a été réaménagé pour être concédé, dernièrement, par l’assemblée communale, à un jeune promoteur privé. Le premier acquéreur allait se l’adjuger pour un siècle. Disons 99 ans. L’actuel avec un cahier des charges. Une absurdité qui n’a valu que sarcasmes et réprobations.

L’épisode du jardin public Bouchareb Naceur n’est pas le seul dans ce chapitre de la gestion des espaces verts à Tiaret, puisqu’une autre aire naturellement, destinée à devenir jardin, fut longtemps convoitée. Là aussi, il a fallu la résistance de la population qui a été jusqu’à organiser un mouvement de protestation pour voir l’ex-wali-Bentouati reculer non sans évoquer «sa protection par les mesures d’urbanisme». On ne va pas énumérer toutes les gabegies ayant valu à quelques autres espaces verts, en ville, dévoyés de leurs vocations mais il y a lieu de noter que, dernièrement, sur instigation du wali qui a inscrit dans ses sorties une halte au niveau de l’espace convoité  un intérêt subit du chef de daïra et de l’APC qui sont sortis sur le terrain pour en faire le constat, le recensement mais aussi décidé de leurs sorts. On en saura pas grand-chose, car la presse est tenue éloignée des sorties du chef de daïra.

L’on a compris si l’on se fie à une discussion tenue entre Ali Bouguerra et un jeune promoteur, qu’un espace vert, situé à la cité Abdellaoui, connue sous l’appellation de «terrain Boumedienne» a été concédé et l’investisseur s’adonner à des travaux d’aménagements pour le rendre attractif. Evoquer les espaces verts, c’est faire état de celui situé à la lisière de la voie de contournement sud et dans lequel l’APC a beaucoup investi. Un bel et grand espace qu’il serait dommage de le vouer aux mains assassines, alors qu’il dispose de suffisamment de jeux pour enfants et autres équipements, de chalets et même un stade de proximité. Les populations de Tiaret, qui auraient dû se suffire du parc d’attraction situé aux Bois des pins, sur les hauteurs de la ville et même de l’aqua-parc, un investissement privé qui traîne, mais force est de constater que les familles et leurs enfants restent toujours sevrés de sensations fortes du fait de la mauvaise gestion de la chose publique, des complicités mais aussi de l’inculture.

Ce n’est pas étonnant face à cette désespérante situation et dilapidation de l’espace de voir des centaines de familles quêter jusqu’aux ronds-points et même de minuscules espaces où les arbres s’y trouvant ont été plantés il y a deux siècles. C’est dans ce contexte que les ambitions nourries au lendemain de la création de Tiaret-Nadhafa par les populations sont tombées en désuétude. Cette entreprise n’a même pas été en mesure de soulager la ville de ces milliers de tonnes de déchets ménagers bien qu’appuyée, sur décision du chef de l’exécutif, par le centre d’enfouissement technique non sans injecter un petit pactole et dotations en matériels adéquats. A ce triste tableau, il faudrait quand même dire que beaucoup de nos concitoyens ne font pas preuve de civisme. L’exemple est donné au niveau de la forêt suburbaine et ses tonnes de déchets abandonnés par les flâneurs au détour des cures qu’ils entreprennent dans ce féérique parc à ciel ouvert. Beaucoup de campagnes de volontariat ont été entreprises et le décor retrouve toujours son état initial au grand dépit des amoureux de la nature.

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