Grosse opération que celle qui a valu cette semaine une cérémonie de remise, symbolique, de 61 décisions d’aides par la CNL à certains des 822 potentiels bénéficiaires de lots au niveau d’un lotissement nouveau situé au quartier Mezguida (ex-Oued Tolba).
La cérémonie, présidée par Lazreg Noureddine, chef de daïra de Tiaret, au profit des résidants du bidonville de la proche banlieue Karman, ex-Faidherbe, dont les cloaques et baraques furent recensées, une dernière fois, au titre de l’actualisation des données, en 2018.
Un lotissement que viabilisera la DUAC (direction de l’urbanisme, de l’aménagement et de la construction) après formalisation des procédures au titre de la viabilisation qui impliquera la caisse nationale du logement pour ceux et celles éligibles à cette aide de 700 000 DA alors que l’Etat offrait un terrain individuel de 80 à 88m2.
«Etant dans sa phase initiale, l’opération a requis plusieurs mois d’intenses efforts de vérifications pour en exclure d’indus bénéficiaires et ne léser aucun des occupants préalablement recensés par les brigades mixtes», nous a expliqué Noureddine Lazreg, chef de daïra.
Ce commis de l’Etat, chargé par le wali de veiller à la stricte application sur le terrain de cette opération, nous a déclaré que «déjà 370 des 822 bénéficiaires se sont vus attribuer des décisions d’affectations en attendant la finalisation des dossiers au niveau du guichet unique ouvert à cet effet au niveau du siège de la daïra de Tiaret».
L’approche vise, selon notre interlocuteur, «une gestion pragmatique et fiable puisque l’acquéreur, qui se serait engagé à autodétruire lui-même sa baraque sous la supervision de techniciens, se verra attribuer une décision d’attribution et passage devant le guichet unique pour formaliser la suite du dossier avant de décrocher le sésame, le permis de construire». 370 des 822 se sont déjà vu attribuer le permis de construire et «un premier bilan se fera avant la fin du mois de mai prochain», renchérit Lazreg Noureddine.
A vrai dire, le bidonville de Karman figurait au titre d’une plaie urbanistique difficile à éradiquer depuis que ce «no man’s land» a pris la démesure à la faveur de «complicités des assemblées élues qui se sont succédées à l’hôtel de ville», comme l’insinuait à juste titre le wali de Tiaret, Ali Bouguerra.
Considéré comme le dernier maillon de la misère sur le territoire de la commune, le problème du bidonville de Karman a été, selon les aveux de beaucoup de gens à Tiaret, une carte politique aux relents populistes brandie à la veille de chaque élection municipale. Après la grosse opération de relogement à l’aube des années 2000, le bidonville comptait moins d’une quarantaine de baraques et explosa, à la faveur d’exodes massifs, pour atteindre le millier de baraques.
Cela intervient dans un contexte social local marqué par cette «volonté d’éradiquer définitivement l’habitat précaire», comme en témoigne la dernière opération ayant valu de reloger une centaine d’occupants illégaux depuis la zone industrielle à Zaaroura vers la nouvelle-ville alors que quelques poches de la pauvreté recensées le seront prochainement, s’entend-on dire. Il est enfin utile de rappeler que le site de Karman une fois assainie servira d’assiette pour l’injection du «programme AADL3».