Tests d’évaluation des élèves de 5e année primaire : L'inquiétude des parents

16/02/2023 mis à jour: 05:00
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Supprimé officiellement en novembre 2021, l’examen de fin du cycle primaire continue de poser problème. Remplacé par un examen d’évaluation étalé sur un mois, les détails de la décision portant ses critères prêtent à confusion. Les parents d’élèves et le corps pédagogique ne cachent pas leurs appréhensions et leurs craintes.

Après une année scolaire sans examen de 5e primaire, le département de Abdelhakim Belabed, ministre de l’Education nationale, a dévoilé le mois dernier les modalités de passage au cycle moyen. A partir du 30 avril prochain, les élèves passeront 9 examens d’évaluation dans toutes les matières enseignées. Même si les notes ne sont pas prises en considération dans la moyenne de passage, la participation à cet examen est obligatoire. Toute abstinence ou absence exclut l’élève, même brillant, du passage au cycle moyen. «Nous pensions que nous étions loin de cette ambiance d’examen pour nos enfants. Nous nous retrouvons avec un examen de 4 semaines, et en plus avec le risque d’exclusion en cas d’absence. Cette décision va à l’encontre de la psychologie fragile de nos enfants, dont l’âge ne dépasse pas les 9 ans. De plus, le caractère obligatoire de ce mois d’examen supprime le fait que les notes ne soient pas comprises dans le passage. Le stress reste intact. Le pire est qu’il est étalé dans la durée», déclare Sidahmed, parent de trois enfants, dont Lina qui passe sa dernière année en primaire.

Pour l’Association nationale des parents d’élèves (ANPE), la durée de l’examen n’est pas un véritable souci compte tenu que les résultats ne sont comptabilisés dans la moyenne de passage. «Nous devons juste préparer nos enfants psychologiquement. Toutefois, le fait de son obligation sans donner d’exceptions est un véritable problème. Les enfants à cet âge-là sont très fragiles. Ils le sont plus dans la période intersaisons. Aussi, nous avons noté une véritable incompréhension des enseignants pour cette décision et des modalités d’exécution», souligne Khaled Ahmed, président de l’ANPE, avant d’appeler le ministère à émettre des notes explicatives pour lever toute ambiguïté.

Les syndicats sidérés

Les syndicats, de leur côté, ne sont pas vraiment du même avis. Pour Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), soumettre des enfants en bas âge à une pression pareille est juste inhumain et antipédagogique. «Supprimer l’examen de la 5e est logique, puisque c’est un examen inutile vu son caractère facultatif. Mais passer d’un examen d’une journée à 27 jours et de trois matières à neuf est juste inacceptable. Il s’agit d’un enfant de moins de 10 ans. Déjà pour le bac, alors que ce sont des adolescents plus âgés, nous avons demandé la réorganisation des épreuves de sorte à réduire les jours. Nous avions dit que soumettre des adolescents à cinq jours de stress est inacceptable. Le faire pour des petits enfants est inadmissible», affirme le syndicaliste, qui dit ne rien comprendre à ces décisions unilatérales, où les partenaires sociaux et les pédagogues ne sont pas impliqués. Il estime qu’organiser un examen de 27 jours est juste une perte de temps, d’argent et d’énergie. «Pourquoi une évaluation sur neuf matières alors qu’il y a une composition à la fin de chaque trimestre ? Pourquoi ne pas faire une évaluation continue tout simplement ?» s’interroge M. Amoura, qui rappelle que son syndicat avait applaudi la suppression de cet examen sans grande efficacité. «Au lieu de rester dans le bricolage avec des examens complètement inventés, nous devons aller vers une refonte radicale du système éducatif algérien. Nous devons revenir au primaire à l’ancien système d’enseignement de six ans au lieu de cinq actuellement. Cela permettra d’étaler d’abord le programme dispensé sur six années, alléger le cartable et l’élève pourra acquérir beaucoup plus de connaissances», conclut-il. Pour rappel, les taux de réussite à l’examen de 5e dépassaient toujours les 70 à 80%. Le taux de passage n’a jamais été en dessous des 95%. 

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