Tensions au Moyen-orient : L’Iran prévient qu’il ripostera en cas d’attaque américaine sur son sol

06/02/2024 mis à jour: 03:55
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La tension n’a jamais été aussi forte entre Téhéran et Washington

La République islamique n’hésitera pas à riposter contre toute attaque américaine sur son sol. C’est ce qu’a déclaré hier le porte-parole de la diplomatie iranienne, après que la Maison-Blanche n’ait pas exclu la possibilité de frapper directement l’Iran.
 

Les Etats-Unis ont mené vendredi une série de frappes contre des forces d’élite iraniennes et des groupes armés pro-iraniens en Syrie et en Irak, en représailles à la mort de trois soldats américains en Jordanie le 28 janvier. Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a déclaré samedi que les Etats-Unis continueront leurs représailles et n’a pas voulu exclure la possibilité d’une attaque directe contre les cibles situées en Iran. 

«La République islamique n’hésitera pas à utiliser ses capacités pour donner une réponse qui fait regretter les agresseurs», a réagi hier le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, lors de sa conférence de presse hebdomadaire. «D’autres ont déjà vu cette capacité et cette puissance et calculeront cent fois avant toute mauvaise action», a-t-il ajouté.

Samedi, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé avoir bombardé des dizaines de cibles au Yémen, en réponse aux attaques répétées menées par les rebelles houthis soutenus par l’Iran contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden. Nasser Kanani a dénoncé les frappes en Irak, au Yémen et en Syrie comme les «actions aventureuses» et «illégales», estimant qu’elles ont été menées dans le cadre d’«une politique de soutien total» à Israël. Les Houthis disent agir en «solidarité» avec les Palestiniens à Ghaza, en proie à la guerre entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste Hamas.
 

Les forces américaines ont annoncé dimanche avoir mené des frappes aériennes contre cinq missiles au Yémen, préparés pour être lancés contre des navires en mer Rouge. Téhéran «ne cherche pas à aggraver les tensions et la crise dans la région et n’a jamais soutenu les tensions et les crises», a indiqué hier le porte-parole iranien.Un peu plus tard, les autorités iraniennes ont annoncé le début des travaux de construction d’un nouveau réacteur nucléaire de recherche à Ispahan, dans le centre de l’Iran, quelques jours après avoir fait état d’un projet de centrale nucléaire dans le sud du pays. 
 

«Aujourd’hui, on a commencé à couler le béton pour la fondation du réacteur sur le site d’Ispahan», a déclaré le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, cité par l’agence de presse officielle Irna. Le centre de recherche nucléaire d’Ispahan est déjà doté de trois réacteurs. Le nouveau réacteur de recherche de 10 mégawatts servira de source puissante de neutrons destinée notamment à des essais de combustibles et de matériaux nucléaires, ainsi qu’à la production de radio-isotopes industrielles et de radiopharmaceutiques, selon l’agence Irna. 

L’Iran est soumis à de sévères sanctions économiques imposées par les Etats-Unis de Donald Trump qui se sont retirés unilatéralement en 2018 de l’accord nucléaire international, conclu trois ans auparavant et prévoyant des limitations au programme nucléaire iranien. En riposte, Téhéran a commencé à s’affranchir de ses engagements dictés par ce pacte avant de ralentir en cours d’année dernière son rythme de production d’uranium enrichi à 60% alors que des pourparlers informels avaient repris avec les Etats-Unis. 

Mais l’Iran a de nouveau accéléré fin 2023. Téhéran a toujours affirmé que ses activités nucléaires sont pacifiques et nié vouloir fabriquer une bombe atomique.  Jeudi, le chef de l’OIEA a annoncé la construction d’un complexe de centrales nucléaires à Sirik, sur le détroit d’Ormuz, composé de quatre centrales individuelles d’une capacité de production combinée de 5000 mégawatts. «Nous devons atteindre une capacité de production de 20 000 mégawatts d’énergie nucléaire dans le pays» d’ici 2041, a déclaré Mohammad Eslami lors d’une tournée dans la région avec le président iranien, Ebrahim Raïssi. Seuls cinq pays dans le monde dépassent cette capacité, à savoir les Etats-Unis, la France, la Chine, la Russie et la Corée du Sud. 

Les centrales de Sirik devraient être pleinement opérationnelles d’ici 2031, selon l’agence Irna. L’Iran dispose actuellement d’une seule centrale nucléaire opérationnelle à Bouchehr, d’une capacité de production de 3000 mégawatts.

Par ailleurs, le quotidien britannique le Financial Times (FT) a affirmé dans son édition d’hier que l’Iran a utilisé la banque britannique Lloyds et la filiale au Royaume-Uni de l’espagnole Santander pour déplacer des fonds et échapper aux sanctions américaines. Les deux banques ont fourni des comptes à des sociétés écran basées au Royaume-Uni mais appartenant en fait à une société de pétrochimie contrôlée par Téhéran et visée par des sanctions américaines depuis 2018, d’après le FT sur la base de documents consultés par le quotidien financier. 

Cette société fait partie d’un «réseau que les Etats-Unis accusent d’avoir levé des millions de dollars pour les Gardiens de la révolution iraniens et de travailler pour des agences de renseignement russes qui lèvent de l’argent pour des milices affiliées à l’Iran», a ajouté le FT.

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