Tebboune concernant l'enlèvement de diplomates algériens au nord du Mali : «Nous savons qui a fait le coup»

08/04/2023 mis à jour: 07:15
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Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, revient sur l’affaire des sept diplomates algériens enlevés en 2012, par un groupe terroriste au nord du Mali. 

Il s’agit du consul d’Algérie à Gao, Boualem Saies, mort en captivité des suites d’une maladie chronique, et de six de ses collaborateurs, dont Tahar Touat, exécuté par les ravisseurs. Dans un entretien à la chaîne qatarie Al Jazeera, Abdelmadjid Tebboune donne, pour la première fois, de nouveaux éléments concernant les responsables de cet enlèvement, revendiqué à l’époque par le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest). 

Il accuse directement «un État voisin», en faisant référence au Maroc. La «révélation» a été faite en réponse à une question sur la situation au Mali. «La première victime de l’instabilité (au Mali) c’est l’Algérie. Nous sommes le seul pays dont des diplomates ont été enlevés au Mali, dont deux ont été assassinés», affirme-t-il. Et d’ajouter : «Nous savons qui a fait cela, c’est un pays voisin, à travers une organisation terroriste fictive qu’ils ont créée au Mali.» 

C’est pour la première fois, rappelons-le, qu’un haut responsable algérien évoque cette affaire en pointant du doigt des responsables qui étaient jusque-là cachés. Poursuivant, le chef de l’Etat précise, toutefois, que «ce genre d’actes ne dissuade pas l’Algérie d’accomplir son rôle vis-à-vis du Mali». «Personne ne nous empêchera d’aider nos frères au Mali et nous ne laisserons personne séparer le Nord-Mali du reste du pays», lance-t-il. 

Dans la foulée, il souligne que «l’Algérie et la France n’ont pas la même vision quant à la solution à la crise malienne». «Nous coordonnons avec tout le monde, les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, avec tous les pays européens, pour la sécurité et pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme, mais nous n’avons pas la même vision avec la France et je l’ai dit au président français», enchaîne-t-il. La France, dit-il, estime que la solution est militaire et l’Algérie privilégie l’approche sociale et économique. 

Mais, indique-t-il, les deux pays ne «s’entravent pas». «Je n’ai pas d’outils pour empêcher ta présence militaire et tu ne m’empêches pas d’aider l’Etat du Mali économiquement et socialement», souligne-t-il. 

Pour Abdelmadjid Tebboune, la présence de groupes armés dans un pays n’empêche pas nécessairement le développement économique. «Nous aussi on avait des groupes terroristes, mais ils n’ont pas arrêté notre développement. 

Et puis, ce ne sont pas tous les Maliens qui détiennent des armes, c’est un petit nombre», estime-t-il, avant de lier l’afflux des terroristes et des armes au Mali à la «destruction» de la Libye.

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