Le général Mahamat Idriss Déby Itno a été déclaré jeudi vainqueur de la présidentielle, trois ans après avoir pris le pouvoir. M. Déby, 40 ans, a recueilli 61,03% des voix, selon les résultats officiels provisoires de la commission électorale qu’il avait nommée, contre 18,53% à son Premier ministre Succès Masra, 40 ans aussi. Le taux de participation s’est officiellement élevé à 75,89%.
Ces décomptes doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel. Près du Palais présidentiel, de nombreux partisans de Déby célébraient sa victoire en criant et chantant et klaxonnant dans leurs voitures, recouvertes du drapeau tchadien.
Des soldats mais aussi des quidams manifestaient leur joie à coup de rafales de kalachnikovs en l’air. «Je suis désormais le Président élu de tous les Tchadiens», a énoncé M. Déby dans un très bref discours télévisé, promettant de mettre en œuvre ses «engagements».
Ce scrutin devait marquer la fin d’une transition militaire de trois ans et nombre d’observateurs l’estimaient joué d’avance en faveur du général, proclamé chef le 20 avril 2021 pour remplacer son père Idriss Déby Itno qui venait d’être tué par des rebelles en se rendant au front, après avoir dirigé d’une main de fer, 30 années durant, ce vaste pays sahélien parmi les plus pauvres du monde.
Le plus farouche pourfendeur de «la dynastie Déby» alors, Succès Masra, s’était finalement rallié à la junte et le général l’avait nommé Premier ministre quatre mois avant le scrutin. Le reste de l’opposition l’avait accusé d’être un «traître» et d’être candidat à la présidentielle pour «donner un vernis démocratique et pluraliste» à un scrutin joué d’avance pour Déby.
Mais l’économiste Masra a surpris tout le monde en rassemblant des foules considérables durant sa campagne, au point de s’enhardir et se dire capable de l’emporter, sinon de pousser M. Déby jusqu’à un second tour le 22 juin.