Tchad : Amnesty dénonce la «détention au secret» de proches d’un opposant tué par l’armée

29/05/2024 mis à jour: 08:31
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Une vingtaine de membres de la famille de Yaya Dillo sont «détenus au secret» au Tchad depuis la mort de cet opposant tué par l’armée deux mois avant la présidentielle remportée début mai par l’ex-chef de la junte au pouvoir, le général Mahamat Idriss Déby Itno, a assuré hier Amnesty International, selon des propos recueillis par l’AFP. 


Cousin de Mahamat Déby et pressenti comme son plus dangereux rival pour le scrutin, Y. Dillo a été tué le 28 février dernier par des militaires de la Garde présidentielle dans l’assaut du siège de son parti, le PSF (Parti socialiste sans frontières). «Assassiné», selon l’opposition, d’une «balle à bout portant dans la tête», selon le PSF. Ce qu’a nié le pouvoir militaire, invoquant la nécessité d’appréhender Y. Dillo, suspecté d’avoir mené une «attaque» contre les services de renseignement, et tenté de faire libérer un responsable de son parti arrêté. «Vingt-six personnes», «toutes des membres de sa famille», dont «trois enfants», sont «détenues au secret depuis plus de trois mois» dans la prison de Koro Toro, en plein milieu du désert, «à la suite de l’assaut» contre le PSF, assure Amnesty dans un communiqué. Amnesty évoque un schéma répressif visant les partisans de l’opposition au Tchad depuis plus de trois ans. 


Jeune général de 37 ans alors, Mahamat Déby avait été proclamé par l’armée, le 20 avril 2021, chef de l’Etat, à la tête d’une junte de 15 généraux, à la mort de son père Idriss Déby Itno, tué par des rebelles en se rendant au front après avoir dirigé le Tchad d’une main de fer 30 années durant. Trois ans plus tard, Mahamat Déby a été élu président le 6 mai dernier, avec 61% des voix, selon les résultats officiels, dans un scrutin boycotté par une partie de l’opposition et qualifié par des ONG internationales de «ni libre», «ni crédible». Et entaché depuis trois ans, selon elles, par la «répression», parfois dans le sang, de toute opposition. 


Les droits des 26 détenus «continuent d’être bafoués de manière flagrante», poursuit Amnesty, qui exhorte les autorités tchadiennes à respecter les «droits humains». Notamment, qu’ils soient «libérés sans attendre» s’ils ne sont pas «rapidement inculpés d’une infraction» et «jugés dans le respect des normes internationales d’équité des procès».
 

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