L'ancienne première ministre britannique Liz Truss a pressé ce mercredi 17 mai depuis Taipei son successeur Rishi Sunak de se montrer ferme avec la Chine sur des questions comme Taïwan, décrivant l'île comme un exemple de «rejet durable du totalitarisme».
En visite pour cinq jours à Taïwan, Liz Truss a reproché à Rishi Sunak et aux autres gouvernements occidentaux de se montrer trop complaisants envers Pékin.
«Menace» stratégique
La conservatrice, restée moins de 50 jours au pouvoir à Londres l'an dernier et toujours députée, a réclamé à son successeur de respecter sa promesse de campagne et qualifier Pékin de «menace» stratégique pour le Royaume-Uni. Elle l'a aussi appelé à fermer «immédiatement» les succursales de l'Institut Confucius au Royaume-Uni, contrôlées par Pékin, et les remplacer par des centres culturels dirigés par des personnes originaires d’Hongkong et Taïwan.
«Certains affirment qu'ils ne veulent pas s'engager dans une autre Guerre froide. Mais nous ne sommes pas dans la position de faire ce choix. Parce que la Chine s'est déjà lancée dans une bataille pour l'autosuffisance, que nous souhaitions ou non nous libérer de son économie», a affirmé Liz Truss devant la Prospect Foundation à Taipei.
Elle a accusé Rishi Sunak comme d'autres gouvernements occidentaux d'«essayer de s'accrocher à l'idée de pouvoir coopérer avec la Chine sur des sujets comme le changement climatique, comme si tout allait bien (en Chine)». «Mais sans liberté et démocratie, il n'y a rien d'autre. Nous savons ce qu'il advient de l'environnement ou de la santé sous des régimes totalitaires qui ne disent pas la vérité», a-t-elle observé. «Vous ne pouvez pas croire un mot de ce qu'ils disent». Elle a ajouté, lors d'une conférence de presse, qu'il était «absolument clair» que le président chinois Xi Jinping «ambitionne de prendre Taïwan». «Nous ne savons pas exactement quand cela pourrait arriver et nous ne savons pas comment», a-t-elle poursuivi, «tout ce que nous pouvons faire c'est nous assurer que Taïwan est aussi protégé que possible».
«Spectacle politique dangereux»
Pékin considère Taïwan, 23 millions d'habitants, comme une province qu'il n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. La Chine, qui dit privilégier une réunification pacifique avec Taïwan, n'exclut toutefois pas un recours à la force pour y parvenir.
Le déplacement à Taïwan de Liz Truss avait été vivement condamné par Pékin. L'ambassade chinoise à Londres l'avait qualifié de «spectacle politique dangereux qui ne fera que nuire au Royaume-Uni». «Mme Truss et ses semblables pactisent avec les forces sécessionnistes “indépendantistes de Taïwan” pour déclencher une confrontation et une escalade des tensions dans le détroit de Taïwan», avait déclaré un porte-parole de l'ambassade de Chine dans un communiqué.
Depuis son départ du pouvoir, forcée de démissionner après avoir plongé le pays dans l'incertitude économique et financière avec un budget jugé non financé, Liz Truss a effectué une série de déplacements à l'étranger, à Tokyo, Washington ou Copenhague. Sa visite à Taïwan «est le pire exemple d'une diplomatie sur Instagram», a fustigé la présidente de la commission parlementaire britannique des Affaires étrangères Alicia Kearns dans le Guardian, ajoutant que cela n'allait faire qu'aggraver les problèmes pour l'île. Liz Truss s'est défendue mercredi en expliquant avoir été invitée par Taipei, «mieux placé pour comprendre ce qui aide Taïwan».
La tension est nettement montée ces derniers mois avec Pékin qui a organisé de vastes manœuvres militaires près de l'île. La Chine voit avec mécontentement le rapprochement ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis qui, malgré l'absence de relations officielles, fournissent à l'île un soutien militaire substantiel.