Système de santé de Ghaza : Les avertissements de l’OMS

06/07/2024 mis à jour: 02:15
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Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de nouvelles perturbations des services de santé sont imminentes à Ghaza en raison d’une grave pénurie de carburant. «Seulement 90 000 litres de carburant sont entrés à Ghaza mercredi», a écrit sur le réseau social X le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Or, les besoins du secteur de la santé ghazaoui sont estimés à 80 000 litres par jour. Ce qui oblige l’ONU – y compris l’OMS – et leurs partenaires à faire «des choix impossibles», a regretté le Dr Tedros. Pour l’heure, les quantités limitées de carburant sont assignées «aux hôpitaux clés», comme le Centre médical Nasser, l’hôpital Al Amal à Khan Younès et un hôpital de campagne koweïtien à Rafah.

Du carburant a également été fourni à 21 ambulances gérées par le Croissant-Rouge palestinien afin «d’empêcher l’arrêt complet des services», a fait valoir le Dr Tedros. En raison de cette pénurie, l’Hôpital européen de Ghaza à Khan Younès était hors service depuis mardi dernier. Le chef de l’OMS a donc averti que «la perte d’autres hôpitaux dans la bande serait catastrophique».

Par ailleurs, afin de préserver et de protéger les rares équipements et fournitures médicales, l’OMS a soutenu mercredi le déplacement des lits d’hôpitaux encore fonctionnels, du matériel de bloc opératoire, des appareils d’anesthésie, et autres matériels médicaux importants de l’Hôpital européen de Ghaza.

«Comme nous l’avons signalé en début de semaine, les patients et le personnel de santé ont été contraints de quitter l’hôpital pour se mettre à l’abri en raison des ordres d’évacuation qui ont été donnés dans les environs, et l’hôpital a cessé de fonctionner le 2 juillet», a rappelé le chef de l’OMS, relevant que des «mesures urgentes» doivent être prises pour «rétablir le fonctionnement de l’hôpital». «Nous ne le répéterons jamais assez : Ghaza ne peut plus perdre d’hôpitaux», a-t-il insisté, réitérant son appel pour la réouverture du point de passage humanitaire de Rafah.

Il n’y a plus d’espace pour s’abriter

Le manque de carburant est récurrent dans l’enclave assiégée et soumise à d’intenses bombardements israéliens. D’une manière générale, le carburant sert aux générateurs des hôpitaux comme aux véhicules humanitaires et unités de désalinisation ou encore aux boulangeries, dont certaines fonctionnent grâce à l’aide du Programme alimentaire mondial (PAM).

Ces boulangeries desservent 1,8 million de Palestiniens coincés au milieu de la bande de Ghaza après avoir été déplacés à de multiples reprises. Lors de l’offensive de Rafah, la pénurie de carburant avait aussi entraîné la fermeture de boulangeries dans l’enclave palestinienne. Le PAM a finalement pu fournir à certaines d'entre elles du combustible, de la farine, du sel et de la levure. Alors que la situation humanitaire reste désastreuse, si cette pénurie de carburant perdure, des boulangeries risquent également de fermer leurs portes, alertent les humanitaires.

Ces derniers développements interviennent alors qu’il y a désormais 1,9 million de personnes déplacées dans la bande de Ghaza. En outre, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans ce territoire, où 2,4 millions d’habitants vivent dans des conditions «désastreuses».

Selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), il n’y a plus d’espace pour s’abriter dans l’enclave palestinienne, suite au nouvel ordre d’évacuation donné par les autorités israéliennes lundi, poussant de milliers de personnes à fuir à nouveau Khan Younès. «Les opérations militaires se poursuivent à Khan Younès. Les familles sont prises au piège. Elles ne savent pas où aller pour survivre», a dit sur X l’agence onusienne.

Après avoir lancé une offensive terrestre le 27 octobre dans le nord de Ghaza, l’armée israélienne s’est progressivement dirigée vers le sud, où elle avait lancé le 7 mai une opération terrestre à Rafah, alors présentée comme l’ultime étape de la guerre. Mais, ces dernières semaines, les combats ont à nouveau gagné en intensité dans plusieurs régions que l’armée avait dit contrôler, notamment dans le nord du territoire.

Alors que les déplacements se poursuivent, les familles palestiniennes sont contraintes de s’installer dans des zones de plus en plus petites et surpeuplées. A Nuseirat, par exemple, au centre de la bande de Ghaza, la poursuite des déplacements forcés signifie qu’il reste très peu de zones où les familles peuvent s’installer. Selon l’UNRWA, cela oblige les déplacés internes à «construire des abris jusqu’au bord de la mer». Les gens s’abritent ainsi sur le rivage et utilisent l’eau de mer pour se laver, se nettoyer et même boire.
 

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