Syrie : Quatre responsables iraniens tués dans des frappes israéliennes

21/01/2024 mis à jour: 09:09
AFP
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Le chef des renseignements des Gardiens de la révolution en Syrie a été tué dans cette frappe

Quatre Iraniens, dont le chef en Syrie des renseignements des Gardiens de la révolution et son adjoint, ont été tués dans une frappe israélienne qui a visé, hier, un bâtiment à Damas, ont annoncé les Gardiens et des médias à Téhéran, cités par l’AFP. Dans un communiqué, les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de l’Iran, ont accusé Israël d’avoir mené l’attaque à Damas avec des «avions de combat». 

Quatre de leurs «conseillers militaires» et «des membres des forces syriennes» ont été tués dans la frappe, selon eux. D’après l’agence iranienne de presse Mehr, il s’agit du «responsable des renseignements des Gardiens en Syrie et de son adjoint, ainsi que de deux autres membres de cette force». 

L’immeuble a été détruit par la frappe à Mazzé, un quartier qui abrite des dirigeants des Gardiens de la révolution, ainsi que des factions palestiniennes pro-iraniennes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). «Le bilan est passé à dix morts après que des corps encore coincés sous les décombres ont été récupérés», a déclaré  Rami Abdel Rahman, directeur de l’OSDH. A Damas, l’agence officielle syrienne Sana a seulement confirmé une attaque contre un bâtiment résidentiel à Mazzé, en accusant Israël.
 

De son côté, l’Iran a accusé Israël d’avoir mené l’attaque et l’a menacé de représailles «au moment et à l’endroit appropriés», selon un communiqué de la diplomatie iranienne. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani, «a fermement condamné l’acte criminel du régime sioniste» qui est «une tentative désespérée de propager l’instabilité et l’insécurité dans la région». 

«Outre la poursuite politique, juridique et internationale de ces actions agressives et criminelles, la République islamique d’Iran se réserve le droit de répondre au terrorisme organisé du faux régime sioniste au moment et à l’endroit appropriés», a-t-il ajouté. Pour le porte-parole de la diplomatie iranienne, «la violation fréquente de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie et l’escalade des attaques agressives et provocatrices contre diverses cibles» dans ce pays démontrent «l’impuissance et la désespérance» d’Israël «sur le champ de bataille contre les forces de résistance à Ghaza et en Cisjordanie au cours des 100 derniers jours».
 

Un peu plus tard, des responsables de police irakien et militaire américain ont indiqué qu’une dizaine de missiles ont été tirés  dans l’ouest de l’Irak contre une base militaire abritant des soldats américains et les troupes de la coalition internationale antijihadistes. Plusieurs «missiles balistiques ont touché la base aérienne de Aïn Al Assad» dans la province d’Al Anbar, a indiqué un responsable militaire américain s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. Il a assuré «qu’une évaluation initiale des dégâts» est en cours, mais que des informations «préliminaires» faisaient état «d’un membre des forces de sécurité irakiennes grièvement blessé».
 

Sur plusieurs fronts

L’Iran a expliqué avoir mené ces derniers jours des frappes en Irak, en Syrie et au Pakistan, en réponse à de récentes opérations d’élimination de commandants iraniens ou alliés et à des attaques perpétrées dans le pays. Les Gardiens ont déclaré mardi avoir lancé plusieurs salves de missiles balistiques sur des cibles à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, détruisant «un quartier général d’espionnage» qu’ils ont attribué à Israël. 
Ces frappes ont tué au moins «quatre civils» et fait six blessés, selon les autorités irakiennes. Vendredi, un responsable américain a indiqué qu’un drone militaire américain s’est écrasé au nord de la capitale irakienne Baghdad. Un drone américain «s’est écrasé près de la base aérienne de Balad, en Irak», tard jeudi soir, a déclaré ce responsable, sans préciser de quel type d’appareil il s’agit. «Les forces de sécurité irakiennes ont récupéré l’aéronef. Il n’a pas été fait état de blessés», a-t-il ajouté. Une enquête a été ouverte.
 

La «Résistance islamique en Irak», nébuleuse de combattants issus de groupes armés pro-iraniens et opposés aux Etats-Unis, a déclaré vendredi avoir tiré, la veille, sur un drone américain MQ-9 Reaper qui peut mener des missions de surveillance et d’attaque. Des combattants «ont visé hier (...) un drone MQ-9 appartenant à l’occupant américain», a déclaré cette entité dans un communiqué.
 

Les Etats-Unis et leurs alliés ont subi plus de 140 attaques en Irak et en Syrie dont de nombreuses revendiquées par la «Résistance islamique en Irak», depuis la mi-octobre, selon un décompte du Pentagone.
Washington a mené de nombreuses frappes de représailles dans ces deux pays, le tout dans le contexte d’une hausse des tensions régionales sur fond de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la Bande de Ghaza.
 

Jeudi, le Premier ministre irakien a réitéré son appel au départ d’Irak de la coalition internationale antidjihadiste menée par Washington, estimant que  mettre un terme à la mission de ces troupes étrangères est «une nécessité pour la sécurité et la stabilité» du pays. Le porte-parole du Pentagone a dit jeudi ne pas être au courant d’une demande officielle de la part des Irakiens. Washington compte environ 2500 soldats en Irak et près de 900 en Syrie qui combattent le groupe Etat islamique (EI) avec la coalition internationale lancée en 2014.
 

Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, Israël a mené des centaines de frappes aériennes sur le territoire syrien voisin, visant essentiellement les forces soutenues par l’Iran et le Hezbollah libanais, alliés du régime syrien et ennemis jurés de l’Etat israélien, ainsi que l’armée syrienne. 

Des raids israéliens ont également touché les aéroports de Damas et d’Alep, dans le Nord syrien. Tel-Aviv, qui revendique rarement ses opérations en Syrie, a déclaré à plusieurs reprises qu’il ne permettrait pas à l’Iran d’étendre sa présence dans ce pays, notamment par des milices ou des groupes armés comme le Hezbollah libanais.
 

Dans le sillage du déclenchement, le 7 octobre, de son conflit avec les Palestiniens dans la Bande de Ghaza, Israël a intensifié ses frappes contre le régime syrien et les groupes pro-iraniens dans le pays voisin. Le 25 décembre, un haut gradé des Gardiens de la révolution, le général Razi Moussavi, a été tué dans une frappe attribuée à Israël près de Damas. 

Il est, selon Téhéran, «le responsable logistique», en Syrie, «de l’axe de la résistance», établi par l’Iran et regroupant les mouvements armés anti-israéliens dans la région. Razi Moussavi est le commandant le plus important de la Force Qods à être tué hors d’Iran, après le général Qassem Soleimani, alors chef de cette force et figure clé de la République islamique au Moyen-Orient, tué dans un raid américain en Irak le 3 janvier 2020. Selon l’agence officielle iranienne Irna, il était un «compagnon» de Soleimani.
 

Le 30 décembre, 19 combattants affiliés à l’Iran ont été tués et une vingtaine de personnes ont été blessées, dans des frappes «probablement israéliennes» qui ont visé des sites dans l’est de la Syrie, selon l’OSDH.
Le 2 janvier, le numéro deux du Hamas, Saleh Al Arouri et six autres cadres du Hamas ont été tués dans des frappes de drones contre un immeuble, attribuées à Israël, dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah.

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