Syrie : Le Premier ministre irakien à Damas pour renforcer les relations bilatérales

17/07/2023 mis à jour: 14:22
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Le président syrien, Bachar Al Assad, et le Premier ministre irakien, Mohammed Chia Al Soudani, ont souligné, hier à Damas, la nécessité de renforcer leurs relations bilatérales, notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. «Il y a des défis auxquels nous sommes directement et particulièrement confrontés, en premier lieu celui du terrorisme», a déclaré Al Assad, lors d'une conférence de presse avec Al Soudani, soulignant l'importance de la coopération entre les armées des deux pays, selon des propos recueillis par l’AFP.

Irak et Syrie partagent une frontière de 600 km en plein désert, ce qui facilite la circulation de cellules du groupe Etat islamique (EI) et le trafic de stupéfiants. L'EI s'est emparé de territoires entiers en 2014 dans les deux pays pour y exercer son régime de terreur, avant d'être défait en 2017 en Irak et en 2019 en Syrie sous le coup d'offensives successives. Mais des cellules de l'EI continuent à lancer des attaques sporadiques en Irak et en Syrie. Selon la Présidence syrienne, les «efforts conjoints dans la lutte contre le terrorisme» ont été au centre des entretiens du président syrien avec le Premier ministre irakien. 
 

Al Assad a également évoqué «les défis posés par le vol des parts» syriennes et irakiennes des eaux de l'Euphrate et «la soif et la faim qu'il engendre» dans les deux pays. L'Irak et la Syrie tiennent Ankara pour partie responsable de la baisse du débit des eaux du fleuve Euphrate passant par les trois pays et prenant sa source en Turquie. 
Al Soudani a souligné de son côté la nécessité de discuter «avec les Etats en amont (du fleuve) pour assurer des parts équitables d'eau aux deux pays». Les deux dirigeants ont évoqué également la coopération, notamment dans les domaines du commerce, des transports et de l'industrie, selon la Présidence syrienne. 

Depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003, Baghdad soutient Damas et s’est abstenu lors du vote qui a mené à sa suspension de la Ligue arabe en 2011. La mesure a été prise après le soulèvement populaire qui a ensuite dégénéré en une guerre sanglante. Le retour de Damas à la Ligue arabe a été officialisé le 7 mai et l’«Irak a travaillé dur pour ramener la Syrie» dans le giron arabe, a affirmé Al Soudani. «Nous œuvrons (...) à redresser l'économie de la Syrie et à remédier aux conséquences de la guerre», a poursuivi le Premier ministre irakien, appelant à la levée des sanctions occidentales contre Damas. 

La visite du Premier ministre irakien en Syrie intervient alors que l’isolement diplomatique décrété contre Damas, suite au soulèvement populaire de 2011, se desserre. En 2023, la donne régionale change radicalement : l’Arabie Saoudite et l’Iran se réconcilient en mars. Dans la foulée, le 12 avril, le ministre syrien des Affaires étrangères effectue une visite surprise en Arabie Saoudite, une première depuis le début les révoltes arabes de 2011. Deux semaines plus tard, la Tunisie nomme un ambassadeur à Damas. Avant cela, peu après le séisme de février, le chef de la diplomatie égyptienne a été dépêché à Damas pour une visite «humanitaire». En mai, la Syrie est réintégrée dans la Ligue arabe. 

De son côté, la Turquie, qui a soutenu des opposants à Damas depuis 2011 et appelé à la chute d’Al Assad, a pris des initiatives pour renouer avec son voisin. Fin décembre 2022, les ministres turc et syrien de la Défense se sont entretenu lors d’une réunion tripartite à Moscou. Mais Al Assad estime qu’un rapprochement implique «la fin de l’occupation» turque du territoire syrien. 

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