Le président syrien Bachar Al Assad a déclaré hier qu’un rapprochement avec Ankara n’est pas conditionné par un retrait turc du territoire syrien, comme l’exigeait Damas, rapporte l’AFP.
Les deux pays ont rompu toute relation officielle en 2011, après le début du conflit syrien qui dure depuis plus de 13 ans et a morcelé le pays. Mais début juillet, Recep Tayyip Erdogan a affirmé qu’il pourrait inviter Al Assad en Turquie à tout moment, une main tendue à laquelle le président syrien a répondu en posant des conditions.
Depuis 2022, Damas exigeait que la Turquie retire ses forces, qui contrôlent deux zones frontalières au nord du pays et exercent une influence dans le nord-ouest, contrôlé par les djihadistes, en préalable à une rencontre entre les deux dirigeants et à toute normalisation des relations.
Les propos de certains responsables turcs, selon lesquels la Syrie aurait déclaré que «si un retrait n’avait pas lieu, nous ne rencontrerions pas les Turcs, sont loin de la réalité», a déclaré Al Assad lors d’un discours devant le Parlement à Damas hier.
Partenaire politique et économique privilégié de Damas, la Turquie a, au début du soulèvement populaire en Syrie, conseillé à son allié d’engager des réformes politiques, puis appelé à la démission de Bachar Al Assad. En mars 2012, la Turquie a fermé son ambassade à Damas, le président Erdogan taxant Bachar Al Assad de «meurtrier » et «terroriste».
Ankara a alors accueilli les groupes de l’opposition politique syrienne et engagé un soutien aux rebelles armés. Mais la Turquie a ensuite mis en avant la nécessité d’empêcher qu’un «corridor de la terreur», selon les mots d’Erdogan, ne s’ouvre dans le nord de la Syrie, où les Kurdes ont installé une administration autonome, refusée par Ankara comme par Damas.
En août 2022, Ankara a pour la première fois dit vouloir réconcilier l’opposition et le régime en Syrie, provoquant la colère des opposants et rebelles syriens. Fin 2022, les ministres turc et syrien de la Défense se sont entretenus lors d’une réunion à Moscou avec leur homologue russe, une première rencontre officielle à ce niveau depuis 2011.