Duels aux pistolasers et virées intergalactiques: avec la sortie de «Star Wars Outlaws» hier, Ubisoft retranscrit avec brio l’univers foisonnant de George Lucas dans un jeu vidéo, un tour de force pour cette saga aux très nombreuses adaptations vidéoludiques.
Disponible sur PC, PS5 et Xbox X/S, cette aventure suit les péripéties d’une contrebandière et permet au joueur de parcourir plusieurs planètes aux commandes de véhicules et de vaisseaux spatiaux. Rarement le monde imaginé par George Lucas a paru aussi vivant et crédible, dans un jeu immersif sans pour être autant révolutionnaire.
Au prix de quelques bugs signalés par certains joueurs ayant eu un accès anticipé et que le studio a promis de corriger rapidement. Le jour de sa sortie, le jeu affichait une note «globalement favorable» de 77 sur 100 sur le site d’agrégation d’avis Metacritic, sur la base de 72 critiques.
«Je suis tout à fait enchanté, comme un gosse qui a rêvé d’un jeu comme ça depuis trop longtemps et qui pardonne aisément les défauts», a publié le streamer et journaliste spécialisé Gauthier Andres sur X. «Ce projet, c’est un rêve d’enfant pour beaucoup d’entre nous», a confié à l’AFP Julian Gerighty, directeur créatif chez Massive Entertainment, le studio suédois derrière le titre d’Ubisoft.
Si ce n’est pas le premier jeu Star Wars à proposer ce genre d’expérience - des jeux en ligne comme «Galaxies» (2003) ou «The Old Republic» (2011) sont passés avant lui -, Julian Gerighty estime que seule la puissance des dernières consoles a permis à ses équipes de générer des villes denses et des vaisseaux réalistes.
«On a créé de nouvelles planètes, de nouvelles lunes, et des personnages qui rentrent dans cet univers», a-t-il ajouté. «Outlaws» est le fruit d’une collaboration avec Lucasfilm Games, branche jeux vidéo de la licence qui appartient à Disney depuis 2012.
Ses créateurs ont eu accès à une «librairie exclusive avec toutes les informations et les documents de design» de Star Wars, explique le directeur créatif, afin de retranscrire au mieux l’atmosphère des films. Personnages iconiques et lieux marquants sont également de la partie, comme la planète Tatooine, d’où est originaire de la famille de Luke Skywalker.
«Outlaws» s’insère dans l’histoire officielle de la saga, entre «L’Empire contre-attaque» (1980) et «Le Retour du Jedi» (1983). «C’était une volonté de Disney», affirme Julian Gerighty, «cerise sur le gâteau» de quatre ans et demi de travail pour sortir ce projet. Certains personnages pourraient apparaître dans d’autres productions, a-t-il indiqué, Disney ayant multiplié les films et séries dans l’univers de La Guerre des étoiles.
«Pléthore d’adaptations»
Ici, pas de chevaliers Jedis: le studio a préféré se plonger dans la pègre galactique, surfant sur la popularité du personnage d’Han Solo - une demande de longue date de nombreux fans. Ce qui a su séduire Disney puisque «Outlaws» est également le premier jeu Star Wars développé par un autre éditeur qu’Electronic Arts (EA), depuis la fin début 2021 de l’accord d’exclusivité qui le liait au géant américain du divertissement.
Depuis 2013, les studios d’EA ont développé plusieurs titres, allant des jeux de tir multijoueurs «Star Wars Battlefront» aux combats au sabre laser de «Jedi: Fallen Order» (2019) et «Jedi Survivor» (2023).
«Ces jeux ont été d’importants succès», affirme Mat Piscatella du cabinet Circana, qui voit dans la fin du partenariat une volonté de Disney de «maximiser» les revenus de sa licence en diversifiant les studios. Selon ses chiffres, les derniers jeux Star Wars se sont tous classés dans le top 10 annuel des ventes aux Etats-Unis - et «Outlaws» ne devrait pas faire exception.
Car le nom fait vendre: depuis la fin des années 70, «il y a eu pléthore d’adaptations», affirme Thibaut Claudel, auteur de «Star Wars - Disney et l’héritage de George Lucas».
«En tant qu’entrepreneur et aussi en tant qu’artiste, George Lucas a toujours eu de l’intérêt pour le jeu vidéo», ce qui explique «une offre assez folle» au tournant des années 2000, coïncidant avec la sortie de la deuxième trilogie (1999-2005).
Jeux de course, de combat, de stratégie... qu’ils soient issus du studio de George Lucas ou d’autres «louant» la marque, «il y avait des trucs très qualitatifs mais aussi des jeux un peu plus oubliables», estime l’expert.
Le rachat par Disney a marqué l’annulation de plusieurs projets pour se concentrer sur quelques titres. Après «Outlaws», leurs yeux se tourneront vers «Star Wars Eclipse», épopée spatiale du studio français Quantic Dream, sans date de sortie pour le moment.