Sri Lanka: le président déchu tenu de s'expliquer sur une grosse somme découverte chez lui l'an dernier

08/02/2023 mis à jour: 12:48
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La police sri-lankaise a déclaré mercredi 8 février à l'AFP avoir demandé au président déchu Gotabaya Rajapaksa des explications sur une grosse somme d'argent découverte l'an dernier dans son ancienne résidence par des manifestants qui l'avaient prise d'assaut, obligeant le chef de l'État à fuir.

Un tribunal de la capitale Colombo avait ordonné à la police en novembre dernier de chercher des explications sur les 17,5 millions de roupies (48.000 USD) en liquide découverts, dissimulés dans les quartiers privés de Gotabaya Rajapaska au sein du palais présidentiel.

Enquête en cours

Les enquêteurs se sont rendus lundi 6 février au domicile du président déchu où ils «ont enregistré une déclaration de trois heures (...) sur l'argent trouvé» au palais présidentiel et remis à la police par les manifestants, a déclaré à l'AFP Nihal Thalduwa, porte-parole de la police.

Selon Nihal Thalduwa, cette opération entre dans le cadre d'une enquête en cours. Il n'a pas livré plus de détails.

Evincé en juillet dernier

Gotabaya Rajapaksa fait partie d'un puissant clan politique qui domine la politique sri-lankaise depuis des décennies. Il dirigeait le pays au plus fort de la crise économique historique l'an dernier et dont il a été tenu pour responsable par une population exaspérée par des mois de pénuries de nourriture, de carburant, d'électricité et de médicaments.

L'île d'Asie du Sud de 22 millions d'habitants, qui a fait défaut en avril sur sa dette extérieure, évaluée actuellement à 46 milliards de dollars, cherche aujourd'hui à finaliser un plan de sauvetage de 2,9 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI).

En juillet, les manifestants, qui faisaient le siège du palais présidentiel, ont fini par le prendre d'assaut, obligeant le chef de l'État à fuir les lieux puis le pays. Quelques jours plus tard, il présentait sa démission de l'étranger avant de rentrer à la fin de l'année sous escorte.

Mêlé à plusieurs affaires de corruption

Il avait remporté les élections de 2019 à une écrasante majorité après avoir promis «des perspectives de prospérité et de splendeur», mais sa popularité n'a cessé de se dégrader au fur et à mesure que la crise économique s'aggravait.

Plusieurs affaires de corruption déposées contre M. Rajapaksa avaient été bloquées à son arrivée à la présidence, lui conférant une immunité perdue à sa démission. Il est confronté à des accusations devant la justice américaine pour son rôle présumé dans l'assassinat du journaliste Lasantha Wickrematunge et la torture de prisonniers tamouls en 2009, à la fin de la guerre civile. Il était alors chef de la Défense.

Son successeur à la tête du pays, Ranil Wickremesinghe est accusé par ses détracteurs d'être trop proche de lui. Dimanche, les deux hommes, tous deux vêtus de blanc, se sont affichés ensemble dans un festival bouddhiste, suscitant une vague d'indignation sur les réseaux sociaux.

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