Souvenirs de la belle époque : Quand le sport se pratiquait en famille (2e Partie et fin)

17/09/2023 mis à jour: 00:58
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Photo : D. R.

Par Mohammed Ghernaout (*)

Dans cette contribution, nous évoquons une époque que les gens du vingt et unième siècle ne peuvent pas connaître, où les disciplines sportives se pratiquaient en famille. Du football au volleyball en passant par la natation, le cyclisme, l’athlétisme, pour ne citer que celles-là, c’était le temps où les stades étaient un lieu de convivialité, voire de fraternité.

Les seigneurs du volley

Parmi les bastions qui ont fait les beaux jours de cette discipline, le mythique stade du Panis de Constantine, plus connu aussi par Square Hadj Ali, situé en contrebas du marché couvert Boumezzou et des deux hôtels, Novotel et Ibis.

Un lieu magnifique aussi puisqu’il était niché dans le rocher sous le boulevard de l’Abime (actuel boulevard Zighoud Youcef) avec une vue panoramique sur la partie basse de la ville, notamment Aouinet El Foul et Sidi Mcid.

Le stade, qui abritait un terrain de volley-ball et un autre de basket-ball, avait vu des joutes explosives entre les différents clubs de la ville comme le CSC, le MOC, le CACC et le NADIC. Un lieu de convivialité et de rencontres entre familles de sportifs, qui vibrait au rythme de rencontres palpitantes opposant les joueurs de ces clubs.

Malgré le peu de moyens à l’époque et l’inexistence de terrains synthétiques et de salles, la discipline avait vu s’épanouir toute une pléiade de talents que l’on nomme les seigneurs du volley (titre emprunté à notre ami Kamel Allouache, journaliste sportif).

On citera parmi eux des joueurs du CSC comme Bentchouala, Hellal, Boukerrou et autres, aux côtés des frères Allouache Tayeb, Salah, l’international Hacene et le plus jeune Djamel, les Belhadj Mostepha Mourad, Malik, Toufik et Nadir, les Houam et les Benelhadj. Au CACC, les Boussaïd Cherif, Ahmed et Kamel et les Chaabi faisaient figure de proue.

Le cyclisme, une histoire de famille

S’il y a bel et bien une famille qui a de tout temps revêtu de son sceau le monde du sport algérien, l’insigne honneur revient incontestablement à la famille Hamza qui mérite plus qu’un ouvrage pour narrer sa riche épopée.

De père en fils, cette famille a inscrit les plus belles pages de l’histoire de la petite reine sur le fronton de la fédération algérienne de cyclisme. À juste titre, les quatre frères Hamza remportent le championnat d’Algérie par équipe à Khemis Meliana en 1974 (course contre la montre) où elle a aligné les frères, Madjid, Malek, Nourreddine et Kamel. Une autre famille celle des frères Chibane, Ahmed, Hocine et Arezki d’Alger, sans oublier les frères Mansouri et j’en passe…

Dites-le avec des fleurs

Le langage des fleurs était à un certain moment très apprécié par les joueurs. Ces derniers accueillent leurs adversaires avec des roses et des embrassades, comme le faisaient souvent les joueurs du MOC des années 1960 et 1970. D’ailleurs, ils ont porté très haut les couleurs du Mouloudia.

Du côté des supporteurs, ils se déplacent à leur tour au stade avec une tenue classique, cravate, chemise blanche et des souliers bien cirés. Le tout couronné par une ambiance sonore émise par des hautparleurs de musique espagnole comme «El Matador» ou bien celle de Rabah Deriassa «Atilou Ezzalamit».

Actuellement, des supporters se déplacent aux stades armés de couteaux, cutters, et d’objets pyrotechniques, usant de chants haineux tout en dégradant l’espace urbain du stade. Ils incarnent une certaine forme de violence appropriée à des groupes non responsables.

Des actes de violence qui se multiplient avec des envahissements de terrain, des agressions et des vociférations sur les arbitres, petit à petit, cela devient plus qu’un fléau.

En un mot, comme en mille, le sport n’est plus comme avant, une affaire de familles. Les stades ne sont plus destinés au spectacle et aux émotions fortes pour ressembler parfois à des arènes sanglantes.

C’est le temps des drames et des tragédies humaines. Ces espaces ont vu le pire se produire comme l’évènement du stade du 20 août 1955 à Alger en 1982, du Heysel en Belgique en 1985, de Furiani à Bastia en 1992… Hélas, le temps n’est plus à la fête en famille.    

M. G. (*) Enseignant

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