Souscripteurs aux logements à Blida : La Cnep Banque pointée du doigt

06/09/2023 mis à jour: 01:12
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Les citoyens de Blida dans l’expectative - Photo : D. R.

Après avoir eu vent de l’existence d’une promotion immobilière qui propose 170 logements à des prix défiant toute concurrence  (110 000 DA le mètre carré) en plein centre de la Chiffa, dans la wilaya de Blida, plusieurs personnes se sont présentées au promoteur pour avoir plus d’informations et s’entendre sur les modalités de paiement.

Une fois chez le promoteur, elles ont eu les explications nécessaires. Ce dernier leur a expliqué que son projet est financé par la Cnep Banque et qu’elles devraient s’acquitter d’un apport personnel (environ 10% du prix de l’appartement), et ce, avant de passer à l’établissement financier pour contracter un crédit. Chose faite fin 2019, 2020 et 2021.

Mais une fois chez la banque ( agence Cnep de Boufarik), le banquier leur a établi un contrat stipulant la vente d’un logement fini, alors que les travaux étaient encore à moitié, donc sans le certificat de conformité !

«La banque nous a induits en erreur. Comment se fait-il qu’elle commercialise un produit qu’elle qualifie de fini alors qu’il était encore en phase chantier, et il l’est toujours d’ailleurs», se demande un groupe d’acquéreurs.

«Ayant constaté de visu l’état d’avancement du projet, nous étions contre la signature de la convention entre nous et l’agence Cnep de Boufarik. Pour nous, la promesse d’une banque est forcément synonyme de solvabilité. Malheureusement, ses responsables ainsi que le promoteur nous ont promis que les travaux allaient être terminés dans les six mois qui suivent nos signatures d’où notre engagement», expliquent des acquéreurs qui se disent n’arriver plus à joindre les deux bouts !

La cause : ils remboursent la banque et continuent de louer ailleurs... «Plus de 60 000 DA vont à la location et à la banque depuis près de 4 ans. Pire, je ne vois pas encore le bout du tunnel à cause d’une escroquerie et abus de confiance de la part de la banque. Et dire que ça ne va pas du tout financièrement et moralement», regrette un acquéreur.

Sur place, nous avons constaté un projet encore en chantier, même si les gros travaux ont été réalisés. Les acquéreurs, dont des architectes bénéficiaires, parlent d’un taux d’avancement avoisinant les 70%.

Pour le directeur régional de la Cnep banque, ce dernier estime que le chantier est à 90% et qu’il fait tout son possible pour «faire pression sur le promoteur» afin qu’il termine les travaux dans les plus brefs délais, les commodités comprises.

«En plus, les acquéreurs ont une part de responsabilité, car ils ont signé un contrat de commercialisation d’un produit fini, alors qu’ils savaient pertinemment que le projet était en phase chantier», a t-il insisté.

Le promoteur a, quant à lui, avancé la fin de l’année comme période de fin effective des travaux, accompagnée par la remise des clés.

«C’est ma parole d’honneur. Les acquéreurs auront leurs clés avant la fin de l’année en cours», a-t-il assuré. Mais cela ne semble pas convaincre les «victimes», car ayant déjà eu affaire à des promesses non tenues auparavant. «A chaque fois qu’on demande des explications au gérant de la promotion, il nous avance des arguments  peu convaincants, comme cette histoire de difficultés financières, sa relation avec la banque, ses relations avec les entreprises de réalisation, ses fournisseurs... alors que la société en question (promoteur) a perçu la totalité du prix de la vente, soit l’avance et le montant de notre crédit qui a été versé par la banque dans son compte bancaire. Pour nos actes de propriété qui garantissent notre droit, il s’est avéré qu’on peut l’avoir sans EDD et le certificat de conformité, lesquels n’existent pas encore.»

Par ailleurs, les protestataires se montrent déçus de l’agissement et de ce qu’ils qualifient de passivité de la direction générale de la Cnep, alors que c’est elle qui a financé le projet.

«Devant cet état de fait, nous avons saisi la banque via sa cellule chargée des réclamations des clients par mail [email protected], mais c’était sans réponse. En plus, nous avons sollicité les services d’un avocat établi à Blida, ce dernier a mis en demeure la banque et la société. Pour la banque, direction de Blida, la réponse était décevante et pas du tout convaincante.

Alors que pour la société de promotion, au début elle était pour un règlement à l’amiable, sauf que le gérant a refusé de signer l’engagement convenu entre  ses avocats et le nôtre. Aussi, Le DG de la banque a été saisi par courrier avec accusé de réception le 26 juillet dernier avec des demandes d’audience, mais sans réponse à ce jour.»

Enfin, les protestataires estiment qu’ils ont eu affaire à une banque qui a abusé de leur confiance et à un promoteur immobilier qui a toujours avancé «de fausses promesses»... «Pendant ce temps-là, nos logements ne cessent de se fragiliser à cause des infiltrations des eaux de pluie, du moment où les travaux d’étanchéité ne sont toujours pas assurés. Pour moi, le promoteur est loin d’être sérieux, mais le plus grave est que la banque est restée passive  par rapport à un conflit dont elle a une grande part de responsabilité», conclut un acquéreur.

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