Les autorités éthiopiennes ont procédé à des arrestations liées à «la crise sécuritaire en région Amhara», a annoncé hier le gouvernement, rapporte l’AFP, après avoir imposé la veille l’état d’urgence dans cette région du nord du pays où s’affrontent des combattants locaux et l’armée.
Ces troubles dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique interviennent seulement neuf mois après la fin d’un conflit dévastateur dans la région voisine du Tigré, qui a aussi impliqué des combattants de l’Amhara.
Samedi, le service de communication du gouvernement a indiqué que ceux qui «aggravent la crise sécuritaire (et se livrent à) divers actes de destruction ont été arrêtés», sans donner plus de détails sur le nombre d’arrestations ni leurs dates.
Selon le décret ayant imposé l’état d’urgence en région Amhara, toute personne surprise en violation de ses dispositions peut encourir «une peine d’emprisonnement de trois à dix ans».
Le même décret permet que les suspects soient fouillés et détenus sans mandat. Samedi, les combattants de la milice nationaliste amhara Fano contrôlaient trois grandes villes de la région, selon des habitants: Lalibela, Gondar et Dessie. A Lalibela, site classé au patrimoine mondial de l’Unesco pour ses églises taillées dans le roc, Fano a pris le contrôle de la ville et de son aéroport en début de semaine.
La société de sécurité Web Cloudflare a déclaré«avoir constaté une chute du trafic internet en région Amhara «vers 18h GMT mercredi». La situation est également tendue dans les villes de Gondar et Dessie.
Ces dernières semaines, les affrontements entre l’armée et des combattants de Fano sont allés croissant.
Les forces amhara ont été des alliés du gouvernement fédéral dans sa guerre contre les autorités dissidentes de la région du Tigré (fin 2020 à fin 2022). Mais des tensions ont émergé en avril après que le Premier ministre a annoncé vouloir démanteler les «forces spéciales», des unités paramilitaires créées par de nombreux Etats régionaux depuis une quinzaine d’années. Les nationalistes amhara estiment que le gouvernement veut affaiblir leur région.
Le nord de l’Ethiopie se remet à peine de deux ans d’un conflit meurtrier au Tigré entre le gouvernement fédéral et les autorités régionales dissidentes issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).
Un accord de paix a été signé en novembre 2022, mais le texte mécontente une large partie de la communauté amhara, deuxième peuple d’Ethiopie en nombre. Le TPLF réclame notamment, en vertu de cet accord, le départ des forces amhara qui ont investi le Tigré occidental, zone administrativement rattachée au Tigré mais revendiquée par les Amhara.