Plus d’un millier de civils, dont des opposants, des femmes et des enfants, ont été arrêtés et détenus arbitrairement entre janvier 2023 et mai 2024 au Soudan du Sud, s’est alarmée l’ONU hier, accusant les autorités de «violations des droits humains», rapporte l’AFP.
Pays parmi les plus pauvres de la planète en dépit de ses larges réserves pétrolières, le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, est en proie à des violences diverses et régulières, en plus des calamités climatiques.
Un rapport conjoint du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme de l’ONU et de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) a recensé 1140 civils arrêtés arbitrairement et détenus «pour des périodes variées» entre janvier 2023 et mai 2024 dans le plus jeune pays du monde.
Parmi eux des membres de l’opposition politique ou des personnes perçues comme étant liées à elle, note le document, qui s’appuie sur «des cas vérifiés et documentés de violations des droits humains», notamment sur la base d’informations obtenues auprès des victimes, des témoins, des responsables gouvernementaux.
Parmi les civils arrêtés se trouvent au moins 87 enfants et 162 femmes, la plupart détenues pour avoir refusé des mariages arrangés, demandé le divorce ou pour adultère présumé, parfois pendant plusieurs semaines. «Ce rapport n’est que la partie émergée de l’iceberg des souffrances humaines considérables causées par les pratiques de détention arbitraire, à la fois dans le contexte du conflit armé et de la faiblesse significative du secteur judiciaire», a affirmé l’ONU dans ce rapport. La plupart des arrestations ont été effectuées par les agences de sécurité gouvernementales, et d’autres par des groupes non étatiques, est-il souligné. Les conditions de détention sont généralement «dures», dans des établissements «surchargés» et mettent «en danger» la vie des détenus, dénonce également le rapport, qui a en outre documenté des dizaines de cas de tortures, traitements cruels ou violences sexuelles.
Volker Türk, haut commissaire des Nations unies aux droits humains, a appelé dans un communiqué «les autorités sud-soudanaises à libérer toutes les personnes privées arbitrairement de leur liberté et à traduire en justice les responsables de ces violations et abus». Le gouvernement du Soudan du Sud a annoncé en septembre un nouveau report de deux ans des premières élections de l’histoire du pays, prévues en décembre.