SOS Racisme, qui s’implique chaque année dans les commémorations des dates historiques-clés de la Guerre d’Algérie, à l’instar du 17 Octobre 1961, du 19 Mars et du 5 Juillet 1962, a lancé un appel pour la création d’un office franco-algérien pour la jeunesse à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance.
«Nous lançons l’idée à nos partenaires de la société civile française et algérienne de créer un office pour la jeunesse des deux pays, avec les objectifs de développement de la coopération culturelle et de promotion de la place des jeunes dans les relations franco-algériennes», déclare Dominique Sopo, président de l’association antiraciste française, lors de l’ouverture, à Paris, d’une soirée commémorative de la fin de la colonisation.
Pour lui, «les nouvelles générations françaises et algériennes n’ont pas à se réconcilier, car elles ne se sont pas fait la guerre, mais elles doivent plutôt échanger et dialoguer pour arriver à dépasser ces héritages».
Avant de donner la parole aux intervenants, évoquant chacun son histoire personnelle et mémoire familiale liée à la colonisation française de l’Algérie, l’orateur dit : «Comprendre que la question mémorielle est très sensible, mais il faut savoir la dépasser pour construire un meilleur avenir commun, et cela passe entre autres par des initiatives de la société civile comme celle de la création d’un office franco-algérien ou algéro-français pour la jeunesse.»
Dans ce sillage, il précise d’ailleurs qu’il n’y aura aucun frein à utiliser les deux appellations en même temps dans la mesure où «par exemple, on dit bien Office franco-allemand pour la jeunesse en français, mais dans la lecture de sa traduction allemande, on doit dire Office germano-français pour la jeunesse».
Peu importe le nom si la création de cet office devient une réalité et accomplit ses objectifs. Tel semble dire la militante Dounia Addad, l’une des initiatrices de ce projet : «Le plus important, c’est qu’à travers notre appel à la création de cet office, on répond à une demande et un besoin de la jeunesse, à la fois du côté français et du côté algérien. Les jeunes ont envie de discuter et d’échanger pour mieux se connaître et essayer de dépasser les enjeux mémoriels entre les deux pays.»
«Faire dialoguer les mémoires»
Elle insiste sur l’importance du rôle de la société civile pour «faire dialoguer les mémoires et créer un avenir en commun plus apaisé et serein, avec des ponts forts entre les deux peuples en sachant que la guerre est finie il y a 60 ans et les jeunes ne l’ont jamais connue».
Afin d’éviter qu’il soit un enjeu pour la guerre des mémoires entre les deux Etats, l’oratrice exprime le souhait de ses camarades que «l’office naisse du monde associatif, et que par la suite soit institutionnalisé dans les deux pays tout en restant indépendant».
Invitée par SOS Racisme à raconter son histoire familiale en tant que petite-fille de Josette et Maurice Audin, Arabelle Audin a exprimé sa vision de jeune Française liée tragiquement à l’Algérie de par l’histoire de ses grands-parents. «Ma génération n'a participé ni à la colonisation ni à la guerre d'indépendance, elle est donc en général plus apaisée par rapport à cette histoire...
Mais les jeunes Français ont souligné, ce soir, le problème majeur qu’est la quasi-inexistence de cette période de l'histoire dans les programmes scolaires. Ce que je souhaite, comme d’autres jeunes, c'est que la vérité soit faite sur tous les aspects de cette période et qu'elle soit racontée, transmise», espère-t-elle.
C’est pourquoi elle se réjouit de la création de l’office pour la jeunesse : «Cela va dans le sens de la libération de la parole et de la transmission intergénérationnelle. De ces échanges riches, sans animosité ni jugement, et de ces dialogues naîtront des projets communs, interculturels, qui sont le moyen de construire un avenir commun aux deux pays et d'aller de l'avant sans oublier le passé, d’où l'importance des commémorations»