Contrairement aux idées reçues, nos jeunes étudiants ne sont pas tous forcement attirés par la création d’entreprise et l’aventure entrepreneuriale. Beaucoup souhaitent occuper un emploi stable – avec un contrat à durée indéterminée (CDI) – après leurs études.
Par ailleurs, le secteur public doit fournir davantage d’efforts pour améliorer son attractivité et sa marque employeur, car peu d’étudiants semblent spontanément se tourner vers les entreprises publiques lorsqu’on les interroge. C’est ce qui ressort, du moins, d’une récente étude réalisée par l’enseignant agrégé d’économie Nazim Sini.
En effet, l’enseignant-formateur auteur de l’étude a indiqué vouloir, dans le domaine de l’éducation, «connaître les attentes et les motivations de nos jeunes étudiants, leurs aspirations et leurs perspectives de carrière, car leurs attentes et craintes sont essentielles pour les décideurs et futurs employeurs», selon ses dires. Et pour ce faire, il a été élaboré une enquête auprès des étudiants des filières économiques et commerciales afin de comprendre leurs perceptions de leurs propres avenirs.
«Cette étude permettant justement de recueillir l’opinion de cette force vive de la nation, qui est amenée à devenir les futurs hauts cadres du pays», a estimé le directeur de l’étude M. Sini, pour qui l’objectif était «d’obtenir des retours intuitifs» pouvant aider à prendre en considération les orientations de carrière post-graduation des étudiants interrogés. Le sondage a tenté par des questions non biaisées, a-t-on expliqué, d’obtenir une opinion «honnête et individuelle sans aucune contrainte ou confusion». L’étude a été réalisée de manière anonyme pour des résultats retranscrivant fidèlement le ressenti des étudiants qui ont participé à ce sondage.
A propos des projections de nos étudiants sur le marché de l’emploi, il ressort que les conditions de travail constituent le critère numéro 1, selon les étudiants interrogés, chez un futur employeur avec 44,1% des sondés. Le salaire n’est pas la seule exigence (23,5%) et la plupart des participants à l’enquête sont globalement confiants dans la capacité du marché du travail à leur proposer une offre d’emploi à la fin de leurs études.
Recherche d’un travail en CDI
Prenant à contre sens l’opinion générale dans le pays, l’enquête révèle que les étudiants enquêtés souhaitent, dans leur «immense majorité», rester en Algérie poursuivre leur carrière professionnelle. Ce qui vient déconstruire l’idée d’un exode massif de nos jeunes étudiants, dont le seul objectif serait un départ à l’étranger. En effet, les projets des sondés après leurs études sont, en premier lieu, la recherche d’un travail en CDI (35,5%), partir à l’étranger (21,3%), prendre le temps de la réflexion (16,6%), créer leur entreprise (14.8%) et enfin poursuivre leurs études en Algérie (11,8%).
Autres enseignements de l’étude, 47,1% des étudiants sondés déclarent vouloir travailler dans une multinationale étrangère basée en Algérie. Autres types d’entreprises qui attirent le plus les étudiants sondés : les PME familiales, à hauteur de 23,5%, les start-up (17,6%) et un grand groupe algérien (8,8%). Quant aux principaux secteurs d’activité qui attirent le plus les étudiants sondés, ce sont les services aux entreprises, à hauteur de 31,8%, les nouvelles technologies (20,5%), l’industrie pharmaceutique ainsi que le secteur des hydrocarbures (13,6%), banques et assurances (9,1%), commerce et vente (6,8%) et le tourisme (4,5%).
Bien entendu, le secteur privé (51,9%) constitue le secteur de prédilection des étudiants pour une première expérience professionnelle. Le secteur public n’est qu’à 14,8% des sondés, contre 2,9% pour la Fonction publique. En outre, 55,6% des étudiants interrogés déclarent vouloir changer 1 à 2 fois d’employeurs durant leur carrière, pour avoir plusieurs expériences professionnelles. 44,1% des étudiants interrogés disent privilégier les conditions de travail dans une offre d’emploi plutôt que le salaire, alors que 49,7% d'entre eux déclarent être confiants dans le fait de trouver un emploi, tout en reconnaissant que cela risque d’être difficile.
Enfin, il y a lieu de préciser que l’enquête menée du 15 juillet au 31 août 2024 sur un échantillon de 782 étudiants dans les filières commerciales, gestion et finances ainsi que les sciences économiques a été réalisée dans les grandes villes que sont Alger, Oran et Constantine.