Sonar chinois : Pékin déplore des «accusations irresponsables» de l’Australie

21/11/2023 mis à jour: 05:49
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Pékin a défendu la conduite de l’armée chinoise

Pékin a mis en garde Canberra contre des «accusations irréfléchies et irresponsables à l’encontre de la Chine», à propos de déclarations de l’Australie selon lesquelles les impulsions sonar émises par un navire de guerre chinois ont «probablement» blessé des plongeurs de sa marine.

 «Nous demandons instamment à la partie australienne de respecter les faits et de cesser de porter des accusations irréfléchies et irresponsables contre la Chine», a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Wu Qian, ajoutant que Pékin «ne s’est engagé dans aucune activité susceptible d’avoir affecté les plongeurs australiens».
 

La semaine dernière, une frégate de la marine australienne, le HMAS Toowoomba, était déployée dans la zone économique exclusive du Japon pour aider à appliquer des sanctions des Nations unies contre la Corée du Nord. Des membres de la marine australienne ont plongé pour retirer des filets de pêche de l’hélice du navire, lorsque celui-ci a été approché par un destroyer chinois, a déclaré samedi le ministre australien de la Défense, Richard Marles. «Peu après, le navire chinois a été détecté en train d’utiliser son sonar de coque d’une manière présentant un risque pour la sécurité des plongeurs australiens, qui ont été contraints de sortir de l’eau», a-t-il aussi expliqué, précisant que les plongeurs avaient subi des blessures mineures qui, selon les médecins, sont «probablement» liées aux impulsions du sonar. Wu Qian a répliqué que la version australienne des événements est «totalement incompatible avec les faits». 

Pékin «s’y oppose fermement et a formulé des observations solennelles auprès de la partie australienne», a-t-il affirmé. «Le destroyer Ningbo de l’armée chinoise a pris des mesures de suivi, de surveillance, d’identification et de vérification conformément aux lois et aux réglementations», a-t-il affirmé.
 

Un peu plus tôt ce lundi, le ministère des Affaires étrangères chinois a défendu la conduite de l’armée chinoise, assurant qu’elle s’inscrivait dans le droit fil du droit international. «Nous espérons que les parties concernées cesseront de poser des problèmes aux portes de la Chine et travailleront avec notre pays pour maintenir la dynamique d’amélioration et de développement des relations entre la Chine et l’Australie», a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère, lors d’une conférence de presse.
 

Après des années de différends et de représailles, la Chine et l’Australie se sont efforcées dernièrement de rétablir leurs relations commerciales, autrefois très étroites. Nombre des barrières tarifaires ont toutefois été levées par la Chine sur les marchandises australiennes après le retour des travaillistes au pouvoir à Canberra en mai 2022.  Aussi, Pékin a rouvert son marché au charbon australien en mars dernier, puis levé des taxes prohibitives sur l’orge en août. 

Côté diplomatique, des progrès ont également été réalisés récemment. Pékin a libéré, début octobre, la journaliste australienne Cheng Lei, détenue depuis plus de trois ans pour des accusations d’espionnage.
Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, s’est rendu à Pékin début novembre et a salué les progrès accomplis, les qualifiant d’«incontestablement très positifs».
 

Alliances

Des tensions subsistent néanmoins en matière de sécurité entre les deux pays. L’Australie a renforcé son alliance avec les Etats-Unis afin d’atténuer l’influence croissante de Pékin dans la région Asie-Pacifique. En 2021, Canberra a annoncé son adhésion à l’accord trilatéral d’Aukus avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Dans ce cadre, les trois pays ont lancé, en mars dernier, le programme de coopération concernant les sous-marins nucléaires. Selon Canberra, ce projet coûtera près de 40 milliards de dollars sur les dix premières années. «Nous nous mettons dans la meilleure position qui soit pour faire face, ensemble, aux défis d’aujourd’hui et de demain», a déclaré, à cette occasion, le président américain Joe Biden. Il a implicitement fait référence à la Chine en affirmant que l’alliance Aukus devait assurer que «la zone indo-pacifique reste libre et ouverte». 

La Chine a critiqué ce programme en lequel elle voit une «voie erronée et dangereuse», violant les objectifs du Traité de non-prolifération avec «un risque grave de prolifération nucléaire». «Ces trois pays s’engagent de plus en plus sur une voie erronée et dangereuse, au profit de leurs seuls intérêts géopolitiques et au mépris total des préoccupations de la communauté internationale», a fustigé devant la presse, le 14 mars, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.  

Comme il a accusé les trois pays occidentaux d’inciter à une course aux armements, avec une alliance incarnant «une façon de penser typique de la guerre froide». Fin juillet, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, et le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, ont effectué une visite en Australie.
 

L’Australie est membre du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad) aux côtés des Etats-Unis, de  l’Inde et du Japon. Elle est aussi membre de l’alliance dite «Five Eyes» dans le renseignement avec la Grande-Bretagne, le Canada, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis.

 

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