L’éventuelle absence du président chinois à New Delhi survient quelques semaines après le sommet des Brics en Afrique du Sud, où Xi Jinping s’est rendu. Le dirigeant chinois y a eu des discussions avec le Premier ministre indien Narendra Modi lors d’une rare rencontre en face-à-face, mais les tensions restent vives entre les deux pays.
Le Premier ministre chinois Li Qiang participera au sommet du G20 en Inde le weekend prochain. C’est ce qu’a déclaré hier le ministère des Affaires étrangères, chinois, rapporte l’AFP citant un communiqué. L’annonce de la diplomatie chinoise semble ainsi confirmer la probable absence du président Xi Jinping à cette rencontre.«A l’invitation du gouvernement indien, le Premier ministre Li Qiang participera au 18e sommet du G20 à New Delhi en Inde, les 9 et 10 septembre», a indiqué une porte-parole du ministère, Mao Ning, dans un communiqué.
Interrogée à ce sujet lundi lors d’un point de presse régulier, Mao Ning n’a pas confirmé la non-participation du président Xi, se contentant d’annoncer que Li Qiang «mènerait une délégation » en Inde. «Le G20 est un forum important pour la coopération économique internationale », a-elle indiqué.
«En participant à cette réunion, le Premier ministre Li Qiang transmettra les pensées et positions de la Chine sur la coopération dans le G20, en appelant le G20 à renforcer l’unité et la coopération et en travaillant ensemble face aux défis mondiaux de l’économie et du développement ». «Nous sommes disposés à travailler avec toutes les parties pour promouvoir ensemble le succès du sommet du G20 et contribuer activement à encourager une reprise économique mondiale stable et un développement durable », a également observé Mme Mao Ning.
La semaine dernière, un responsable européen sous couvert d’anonymat a indiqué à la presse à Bruxelles que le président chinois Xi Jinping ne prévoyait pas d’assister au sommet du G20. Le président américain Joe Biden s’est dit «déçu» de cette absence.
Ces derniers mois, Pékin et Washington ont renoué le dialogue avec une succession de visites de hauts responsables américains à Pékin dont le chef de la diplomatie Antony Blinken. Mais les relations bilatérales restent tendues, vu les points de discorde qui opposent les deux puissances entre autres, les différends commerciaux, l’expansion chinoise en mer de Chine méridionale et la question de l’île démocratique autonome de Taïwan, la minorité musulmane ouigoure.
Le G20 rassemble les plus grandes économies de la planète, c’est-à-dire 19 pays et l’Union européenne (UE), qui représentent ensemble 85% du PIB mondial et deux tiers de la population du globe. La Chine, deuxième économie mondiale, vise pour 2023 une croissance d’environ 5% mais l’objectif sera difficile à atteindre, dans un contexte de faible consommation, chômage record des jeunes et crise immobilière.
Tensions
Le président Xi a assisté à tous les sommets du G20 depuis son arrivée au pouvoir, à l’exception de celui de Rome en 2021, en pleine crise du Covid, auquel il a participé via vidéoconférence. Sa probable absence à New Delhi survient quelques semaines après le sommet des Brics en Afrique du Sud, où Xi Jinping s’est rendu. Le dirigeant chinois y a eu des discussions avec le Premier ministre indien Narendra Modi lors d’une rare rencontre en face-à-face, mais les tensions restent vives entre les deux pays.
Ce sommet a donné le feu vert à l’adhésion prochaine de six nouveaux pays aux Brics (Argentine, Ethiopie, Iran, Arabie Saoudite, Egypte et Emirats arabes unis).Pékin est favorable à une telle expansion, considérant les Brics comme un contre-poids aux Etats-Unis et à la domination occidentale. Les responsables européens espèrent que le sommet du G20 sera une opportunité de tenter d’amener l’Inde et la Chine à se montrer plus sévères vis-à-vis de la Russie à propos de l’invasion de l’Ukraine.
Hier, New Delhi a lancé d’importantes manoeuvres militaires, notamment le long de la frontière himalayenne contestée avec la Chine. Ces exercices se poursuivront lors du G20. Les 11 jours d’opérations constituent «un exercice d’entraînement annuel» dans les zones septentrionales limitrophes du Pakistan et de la Chine, a déclaré un responsable de la défense, sous couvert d’anonymat.
Les relations entre les deux puissances asiatiques sont tendues depuis un affrontement à haute altitude qui a tué 20 soldats indiens et au moins quatre soldats chinois en juin 2020. Fin août, de nouvelles tensions sont apparues après que Pékin a publié une carte revendiquant des terres que New Delhi prétend lui appartenir. Depuis, des dizaines de milliers de soldats sont massés de part et d’autre de la Ligne de contrôle effectif (LAC), frontière de facto entre l’Inde et la Chine, mais qui n’est pas clairement démarquée.
Le gouvernement de Modi a injecté des milliards de dollars dans des projets de connectivité de son côté de la frontière afin de renforcer la présence civile et d’établir de nouveaux bataillons paramilitaires. L’Inde cherche à développer des liens plus étroits avec les pays occidentaux, et notamment avec les membres du Quad, alliance qui regroupe les Etats-Unis, le Japon et l’Australie et qui vise à contrer le poids de la Chine dans la région Asie-Pacifique.