Le président russe, Vladimir Poutine, a ouvert hier à Kazan le sommet des Brics, saluant dans cette réunion l’émergence du «monde multipolaire», qu’il appelle de ses vœux face à l’Occident, rapporte l’AFP.
Avec ce sommet, Vladimir Poutine entend faire la démonstration de l’échec de la politique occidentale de sanctions économiques et d’isolement visant son pays depuis l’assaut des troupes russes en Ukraine en février 2022. Il entend également battre en brèche ce que la Russie et la Chine décrivent comme «l’hégémonie» occidentale, notamment américaine, dans la conduite des relations internationales.
Devant les dirigeants d’une dizaine de ces pays Brics, dont le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi, Vladimir Poutine a expliqué qu’ils allaient évoquer ensemble «les questions les plus urgentes», dont «le règlement des conflits régionaux». «Le processus de formation d’un monde multipolaire est en cours, un processus dynamique et irréversible», a assuré V. Poutine.
Aujourd’hui, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, arrivé hier à Kazan, devrait s’entretenir de l’Ukraine avec Vladimir Poutine, selon le Kremlin. Cet entretien serait une première en Russie entre les deux hommes depuis avril 2022. Antonio Guterres, qui s’est présenté en médiateur disponible, a régulièrement souligné que l’annexion de territoires ukrainiens revendiquée par Moscou n’a «pas de place dans le monde moderne».
Dans sa logique de quête d’un monde multipolaire, le dirigeant russe a mené mardi un marathon de rencontres bilatérales, notamment avec Xi Jinping et Narendra Modi. La Chine est son grand partenaire asiatique qui lui apporte un soutien économique crucial dans le contexte des sanctions occidentales, et l’Inde est critiquée par les Occidentaux pour ses achats de grandes quantités de pétrole russe depuis 2022. Aucun des deux pays n’a condamné l’intervention russe en Ukraine.
Vladimir Poutine a rencontré les présidents vénézuélien et iranien, Nicolas Maduro et Massoud Pezeshkian, dont les pays sont résolument dans le camp anti-occidental. L’Iran est accusé d’avoir fourni des drones et des missiles de courte portée à la Russie. «Opportunités»
Une rencontre bilatérale avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, était également au programme de Vladimir Poutine hier. Membre de l’Otan, la Turquie n’est pas membre des Brics et entretient des relations complexes tant avec Moscou qu’avec l’Occident. Elle a toutefois annoncé début septembre vouloir rejoindre le bloc des Brics, sachant qu’Ankara frappe à la porte de l’Union européenne (UE) depuis 1999.
Le président turc n’a d’ailleurs pas manqué, le mois dernier, de le faire remarquer : «Ceux qui disent (ne rejoignez pas les Brics) sont les mêmes qui nous ont fait attendre pendant des années à la porte de l’UE», a-t-il déclaré à son retour des Nations unies à New York. «Nous ne pouvons pas nous déconnecter du monde turc et islamique simplement parce que nous sommes un pays de l’Otan : les Brics et l’Asean sont des structures qui nous offrent des opportunités de développer notre coopération économique», a-t-il ajouté. Les Brics représentent près de la moitié de la population mondiale et près du tiers du PIB de la planète. Comptant quatre membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) à sa création en 2009 et ayant intégré l’Afrique du Sud en 2010, les Brics (les initiales de ces Etats en anglais) ont été rejoints cette année par l’Ethiopie, l’Iran, l’Egypte et les Emirats arabes unis. Au-delà de ces Etats, des dirigeants de pays dits du «Sud global» ont fait le déplacement en Russie.
Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, est arrivé à Kazan, selon les agences russes. Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, est également annoncé aujourd’hui. Il y a un peu plus d’un an, l’Azerbaïdjan a lancé une offensive pour reprendre le Haut-Karabakh, une enclave montagneuse qui échappait à son contrôle depuis des décennies et qui était majoritairement peuplée d’Arméniens.
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