Sommet de l’Otan à Washington : Consolider le soutien occidental pour l’Ukraine

10/07/2024 mis à jour: 00:23
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Photo : D. R.

Sans fournir de détails, le président américain, Joe Biden, a promis qu'il annoncerait, avec ses alliés de l'OTAN, «de nouvelles mesures pour renforcer la défense antiaérienne de l'Ukraine afin d'aider à protéger ses villes et ses civils des frappes russes».

Le sommet de l'OTAN, qui s’est ouvert hier à Washington, après 75 ans d'existence, est censé confirmer son soutien à l'Ukraine, mais dominé par le climat d'incertitude politique aux Etats-Unis.

De Varsovie où il se trouvait lundi, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a réclamé une «réponse plus forte» face à la Russie. «Cette semaine à Washington, vous verrez les dirigeants de l'OTAN se rassembler et s'unir pour que l'Ukraine dispose dans la durée de capacités de défense antiaérienne», a assuré mardi matin le porte-parole du Conseil de sécurité nationale aux Etats-Unis, John Kirby, sur la chaîne américaine CNN, cité par l’AFP. Kiev réclame en particulier des systèmes de défense antiaérienne, dont des batteries Patriot, des missiles sol-air particulièrement efficaces contre les missiles balistiques.

Les frappes russes ont déjà fait des dizaines de morts et détruit la moitié des capacités énergétiques de l'Ukraine. Sans fournir de détails, le président américain, Joe Biden, a promis lundi qu'il annoncerait, avec ses alliés de l'OTAN, «de nouvelles mesures pour renforcer la défense antiaérienne de l'Ukraine afin d'aider à protéger ses villes et ses civils des frappes russes».

Mais à quatre mois de l'élection présidentielle, le président américain, 81 ans, doit aussi, jour après jour, prouver qu'il est non seulement capable de battre son rival républicain Donald Trump, mais aussi de gouverner la première puissance militaire mondiale. Les appels se multiplient, y compris au sein de son camp démocrate, pour qu'il renonce à se représenter après le calamiteux débat fin juin face à son adversaire de 78 ans, où il est apparu très fatigué et embrouillé.

Et au-delà des électeurs américains, il devra aussi rassurer les dirigeants des 32 pays de l'OTAN, attendus pendant trois jours à Washington. «Je ne suis pas préoccupé», a toutefois assuré mardi le chancelier allemand Olaf Scholz. «De mes nombreuses conversations avec le président américain, je sais qu'il a très bien préparé ce sommet», a-t-il ajouté. «Nos alliés s'attendent à un leadership américain», et «qui d'autre pourrait venir (à ma place), j'ai agrandi l'OTAN, je l'ai rendue plus forte», a indiqué Joe Biden lundi sur la chaîne MSNBC.

La Finlande et la Suède ont rejoint l'OTAN, respectivement en 2023 et cette année, en conséquence de l'intervention russe en Ukraine en février 2022. A l'occasion de ce sommet, Kiev souhaite mais sans illusion, que sa candidature pour rejoindre l'Alliance atlantique avance à Washington, après les frustrations générées par le manque de progrès sur ce point l'an dernier lors du sommet de Vilnius.

L'Ukraine souhaite recevoir une invitation formelle à rejoindre l'OTAN, mais plusieurs pays, dont les Etats-Unis, s'y opposent. Elle devrait en revanche obtenir que cette promesse d'adhésion soit «irréversible», selon un diplomate, précisant toutefois que certaines conditions seraient ajoutées.

«Ennemis imaginaires»

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a assuré de son côté que l'ensemble des mesures en faveur de l'Ukraine, annoncées lors du sommet de Washington, sont autant d'éléments favorisant son entrée dans l'Alliance. Il s'agit d'un «effort très sérieux pour mettre l'Ukraine dans une position dans laquelle elle sera prête à assumer son rôle et ses responsabilités au sein de l'Alliance dès le premier jour» de son adhésion, a assuré un responsable américain.

Une perspective très mal accueillie à Moscou où le Kremlin a fait savoir mardi qu'il suivrait avec «une attention maximale» ce sommet des 75 ans de l'Alliance atlantique. «C'est une alliance qui considère la Russie comme son ennemi, son adversaire. Une alliance qui, à plusieurs reprises, a déclaré ouvertement que son objectif était d'infliger une défaite stratégique à la Russie sur le champ de bataille. C'est pour cela que nous allons suivre avec la plus grande attention la rhétorique des conversations qui auront lieu, et les décisions qui seront prises», a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, lors d'un point presse.

Plus tôt, la Chine a fustigé les «diffamations» et «attaques» de l'OTAN après que son secrétaire général Jens Stoltenberg l'a accusée, la veille, de soutenir l'offensive russe en Ukraine. «L'OTAN prétend être une organisation régionale et défensive, alors qu'elle ne cesse d'étendre son pouvoir au-delà de ses frontières, de provoquer des affrontements et de se livrer à des manoeuvres d'intimidation», a affirmé Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

«La soi-disant sécurité de l'OTAN se fait aux dépens de la sécurité des autres pays, et ses actions ont engendré des risques sécuritaires extrêmement élevés pour le monde et la région», a-t-il souligné lors d'un point presse régulier, appelant l'alliance à «cesser de se créer des ennemis imaginaires partout». «La Chine s'oppose fermement aux diffamations et aux attaques de l'OTAN contre la Chine et à sa volonté de rejeter sur d'autres ses responsabilités. 

Elle s'oppose à ce que l'OTAN utilise la Chine comme prétexte afin de s'étendre vers l'est en Asie-Pacifique et d'attiser les tensions régionales». Plusieurs pays de la région Asie-pacifique ont été invités à participer au sommet de Washington, dont la Corée du Sud, l'Australie et le Japon.

Parmi les décisions attendues, la prise en charge par l’OTAN de la coordination de l’aide militaire occidentale à l’Ukraine, jusqu’à présent assurée par les Etats-Unis. L’OTAN devrait aussi officialiser un soutien militaire à Kiev de 40 milliards d’euros par an et fournir de nouveaux moyens de défense aérienne, selon des diplomates.

L’Alliance compte envoyer un message clair à la Russie de Vladimir Poutine démontrant que l’OTAN est prête à réagir face à la moindre agression. C’est aussi dans ce but précis que, de janvier à mai 2024, plus de 90 000 soldats appartenant aux 32 pays membres ont pris part, au plus important exercice de l’OTAN depuis la fin de la guerre froide.

L’autre grand sujet sera la main tendue à des pays partenaires dans l’Asie-Pacifique, les dirigeants japonais, coréen, australien et néo-zélandais étant invités à participer au sommet, jeudi, aux côtés de l’Union européenne (UE). Les Etats-Unis ont appelé à plusieurs reprises l’Alliance à répondre à la montée en puissance de la Chine. Le sommet devrait déboucher sur une ferme condamnation du soutien de Pékin à la Russie, qui, selon les pays occidentaux, permet à Moscou de poursuivre son offensive contre Kiev.

 

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