Sommet de l’Asean : La Birmanie et les tensions en mer de Chine au menu

06/09/2023 mis à jour: 04:41
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Les ministres des Affaires étrangères de l’Asie du Sud-Est réunis à Jakarta avant le sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) - Photo : D. R.

La publication par Pékin d’une nouvelle carte «standard» sur laquelle les zones maritimes revendiquées chevauchent celles de plusieurs pays de l’Asean a déclenché une vague de réactions en Asie-Pacifique, de l’Inde, à la Malaisie, en passant par le Vietnam et les Philippines.

Les dirigeants de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) se sont réunis en sommet depuis hier à Jakarta, en Indonésie. Cette rencontre, qui s’étend jusqu’à jeudi, est dominée par la crise en Birmanie et les revendications territoriales et maritimes de Pékin en mer de Chine méridionale, théâtre de récents incidents.

A cette occasion, les dirigeants des 10 pays membres ont «condamné fermement» les violences contre les civils en Birmanie en reconnaissant que leur plan de paix pour résoudre la crise birmane est dans l’impasse.

Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Asean ont «appelé les forces armées en particulier, et toutes les parties concernées en Birmanie, à une désescalade de la violence et à mettre un terme aux attaques ciblées visant les civils, les habitations et les bâtiments publics, tels que les écoles, les hôpitaux, les marchés, les églises et les monastères», dans une déclaration, citée par l’AFP.

Depuis un coup d’Etat en 2021, les militaires birmans ont mené une répression sanglante de toute opposition et notamment des partisans de la dirigeante démocratiquement élue Aung San Suu Kyi.

Les dirigeants ont examiné l’application du plan de paix en cinq points, signé en 2021 par l’Asean avec la junte mais largement ignoré par celle-ci. «La conclusion est qu’il n’y a pas de progrès significatif dans l’application des cinq points», a déclaré la cheffe de la diplomatie indonésienne, Retno Marsudi, à la presse à l’issue du sommet, même si ce plan reste en vigueur.

Les dirigeants du groupe ont par ailleurs décidé que la présidence de l’Asean serait retirée en 2026 à la junte, et attribuée aux Philippines. «La Birmanie n’assumera pas la présidence de l’Asean en 2026», a confirmé le porte-parole de la junte Zaw Min Tun, sans donner plus de détails.

Le président philippin Ferdinand Marcos a confirmé plus tôt que son pays «était prêt à prendre les rênes et la présidence de l’Asean en 2026». «Nous allons fortifier les fondations de notre communauté et guider l’Asean qui entame un nouveau chapitre», a-t-il ajouté, selon un communiqué de la Présidence.

Une carte «standard»

Les membres du bloc, souvent décrit comme un forum de discussion sans réel pouvoir, sont divisés sur la crise en Birmanie, pays membre du groupe. L’Asean n’invite plus les représentants de la junte aux réunions de haut niveau du groupe.

Mais tandis que certains pays veulent exclure complètement la junte, d’autres veulent continuer le dialogue avec les militaires. Ce changement de présidence tournante est «un geste pragmatique», qui permet au groupe de ne pas voir «son ordre du jour pris en otage» par la crise birmane, a indiqué un diplomate proche des discussions sous le couvert de l’anonymat.

A Rangoun, deux responsables de partis autorisés ont indiqué hier que la junte allait «probablement» organiser un scrutin national en 2025, le premier en Birmanie depuis le coup d’Etat de 2021. Mais les Etats-Unis ont objecté qu’un scrutin organisé par la junte serait un «simulacre».

Le président indonésien Joko Widodo a plus tôt mis en garde l’Asean contre la montée des risques géopolitiques dans la région. «Les pays de l’Asean sont convenus de ne pas servir d’intermédiaire à d’autres puissances et de coopérer avec chacun pour la paix et la prospérité», a-t-il indiqué, sur fond de rivalité croissante entre Chine et Etats-Unis dans la région.

Pékin revendique presque dans sa totalité, la mer de Chine méridionale. La publication par Pékin d’une nouvelle carte «standard» sur laquelle les zones maritimes revendiquées chevauchent celles de plusieurs pays de l’Asean a déclenché une vague de réactions en Asie-Pacifique, de l’Inde, à la Malaisie, en passant par le Vietnam et les Philippines.

Les dirigeants d’Asie du Sud-Est devaient faire part de leurs inquiétudes concernant les «terrains pris sur la mer, les activités et les incidents graves» dans cette mer, selon le projet de texte. Il dénonce aussi des actions qui ont «accru les tensions et pourraient compromettre la paix, la sécurité et la stabilité dans la région».

Les dirigeants devraient aussi se donner jusqu’en 2026 pour conclure les négociations sur un «Code de conduite», destiné à apaiser les tensions en mer de Chine méridionale. Jakarta accueillera en parallèle demain le sommet de l’Asie de l’Est, réunissant 18 pays, dont les Etats-Unis, la Chine, le Japon, l’Inde et la Russie.

Mais les poids lourds du groupe, Joe Biden, le président chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine seront absents. La vice-présidente américaine, Kamala Harris, le Premier ministre chinois Li Qiang, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov participeront à la réunion. 


 

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