Sommet de la Cédéao : Les sanctions face aux putschistes de la région au menu

05/06/2022 mis à jour: 09:39
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La Cédéao se heurte aux résistances des nouveaux hommes forts, qu’il s’agisse du colonel Assimi Goïta au Mali, du colonel Mamady Doumbouya en Guinée ou du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui se sont tous fait investir président entre-temps.

Les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se sont réunis hier à Accra, au Ghana, rapporte l’AFP. A l’ordre du jour : atténuer ou durcir les sanctions contre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, où les juntes n’entendent pas lâcher de sitôt le pouvoir pris par la force.

«Cette réunion continuera à se concentrer sur l’instabilité politique qui sévit dans la région et la résurgence des coups d’Etat depuis août 2020», a déclaré le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, à l’ouverture de la session en présence des chefs d’Etat de la plupart des 15 pays membres de la Cédéao. Aucun représentant des trois pays concernés n’a en revanche été aperçu.

«Ce sommet réexaminera et évaluera la situation au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, à la lumière des récents événements dans la région et du contexte global qui affectent nos pays», a-t-il dit avant que les leaders n’entament leurs travaux à huis clos.

L’Afrique de l’Ouest a vu se succéder quatre coups d’Etat des colonels et lieutenants-colonels en moins de deux ans : putsch le 18 août 2020 à Bamako, nouveau fait accompli parachevant le premier le 24 mai 2021, putsch le 5 septembre 2021 à Conakry, putsch le 24 janvier 2022 à Ouagadougou.

La Cédéao se heurte, en la circonstance, aux résistances des nouveaux hommes forts, qu’il s’agisse du colonel Assimi Goïta au Mali, du colonel Mamady Doumbouya en Guinée ou du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui se sont tous fait investir président entre-temps.

L’arbitraire des colonels

Ces derniers invoquent la gravité des crises multiformes auxquelles ils sont confrontés. Ils veulent ainsi obtenir le temps nécessaire pour faire aboutir ce qu’ils présentent comme un processus de «refondation» de leur Etat, et à l’organisation d’élections crédibles. Au Mali, la junte s’est dédite de son engagement initial à céder la place au bout de 18 mois après des élections promises en février 2022.

Quand elle est allée jusqu’à envisager cinq années supplémentaires, la Cédéao a sévi le 9 janvier, fermant les frontières et suspendant les échanges commerciaux et financiers hors produits de première nécessité.

Les autorités ont ramené leurs prétentions à 24 mois. Jusqu’alors la Cédéao a consenti au maximum à 16 mois et indiqué que les sanctions ne seraient levées progressivement que quand le Mali présenterait un calendrier acceptable.

Lors d’un précédent sommet le 25 mars, la Cédéao a donné à la junte de Conakry jusqu’au 25 avril pour présenter un échéancier «acceptable». A défaut, «des sanctions économiques et financières entreront immédiatement en vigueur», a-t-elle prévenu. Elle a déjà annoncé le gel des avoirs financiers des membres de la junte et de leurs familles. Ils sont interdits de voyager au sein de la Cédéao.

Le sommet de mars a fixé au Burkina le même ultimatum qu’à la Guinée. Mais à la demande de la junte, la Cédéao a dépêché fin mai une mission de trois jours pour évaluer la situation au Burkina, où les attaques djihadistes se succèdent.

Le rapport de la mission, soumis hier au sommet d’Accra, constate que «la situation humanitaire et sécuritaire reste difficile» et «il faut évidemment prendre la mesure de cette situation», a déclaré le président de la commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou.

 

 

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