Somaliland : L’opposant «Irro» élu président

20/11/2024 mis à jour: 07:05
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Le chef du principal parti d’opposition Abdirahman Mohamed Abdullahi, dit «Irro», a été élu président du Somaliland,  région sécessionniste de la Somalie au coeur de vives tensions dans la Corne de l’Afrique, a annoncé hier la commission électorale (NEC), relayée par l’AFP. 

Avec 63,92% des suffrages, cet ancien diplomate âgé de 68 ans devance largement le président sortant Muse Bihi (34,81%), au pouvoir depuis 2017, et le leader du Parti de la justice sociale (UCID) Faysal Ali Warabe (0,74%), selon des résultats annoncés à la presse par le président de la NEC, Muse Hassan Yusuf. Territoire de la taille de l’Uruguay (175.000 km2) situé à la pointe nord-ouest de la Somalie, le Somaliland a déclaré unilatéralement son indépendance de la Somalie en 1991.  Il fonctionne depuis en autonomie, avec ses propres monnaie,  armée et police. Mais il n’est reconnu par aucun pays, ce qui le maintient dans un certain isolement politique et économique malgré sa situation stratégique à l’entrée du détroit de Bab-el-Mandeb, sur l’une des routes commerciales les plus fréquentées au monde reliant l’océan Indien au canal de Suez. Le Somaliland est depuis dix mois au coeur d’une tempête diplomatique régionale, après la signature d’un protocole d’accord avec l’Ethiopie voisine.


Le texte n’a jamais été rendu public mais, selon les autorités  somalilandaises, il prévoit la location de 20 kilomètres de côtes à Addis Abeba en échange d’une reconnaissance formelle. Mogadiscio a dénoncé une «violation » de sa souveraineté, et s’est depuis rapproché militairement de l’Egypte, grand rival de l’Ethiopie, dans une escalade qui inquiète la communauté internationale Ancien diplomate (ambassadeur en URSS et Finlande) et président de la Chambre des représentants (2005-2017), «Irro» ne s’oppose pas sur le principe à ce texte, dont il dit ne pas connaître le contenu. A la tête de son parti Waddani, il a fait campagne pour le changement, après 14 ans au pouvoir du parti Kulmiye, s’affichant notamment en figure unificatrice face à Muse Bihi qu’il accuse d’avoir affaibli et divisé le Somaliland. Outre les difficultés économiques (inflation, chômage, pauvreté), il lui reproche notamment d’avoir attisé des divisions claniques qui ont abouti à la perte d’une partie de la région de Sool, dans le sud-est du territoire. Après des mois de violents combats contre une milice pro-Mogadiscio qui ont fait au moins 210 morts et près de 200 mille déplacés, les forces somalilandaises se sont retirées en août 2023 de la moitié de cette région. 

Le gouvernement du nouveau président pourrait  se tourner vers les Etats-Unis, où l’élection de Donald  Trump a suscité de grands espoirs. Si le président élu américain n’a jamais évoqué le Somaliland ni durant son premier mandat, ni durant la dernière campagne électorale, la cause de la reconnaissance compte de nombreux soutiens au sein du parti républicain. A Hargeisa, on n’a pas manqué de remarquer qu’accorder le statut d’Etat au Somaliland figure dans le «Projet 2025», feuille de route de l’administration Trump élaborée par la Heritage Foundation. Selon ce cercle de réflexion conservateur, ce territoire situé à l’entrée du détroit de Bab-el-Mandeb, reliant l’océan Indien au canal de Suez, présente un intérêt stratégique face à l’influence grandissante de la Chine dans la région. Le Somaliland, qui entretient des liens étroits avec Taïwan, constitue une alternative à son voisin Djibouti, où Pékin a implanté sa seule base militaire à l’étranger en 2017. Washington dispose également d’un allié sur place avec les Emirats arabes unis qui gèrent, via le géant DP World, le port de Berbera.. 

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