Les programmes du Fonds monétaire international (FMI) en Somalie pourraient s’arrêter dans trois mois en cas de nouveau retard dans les élections, a déclaré l’institution, qui a entamé hier une mission dans cet Etat pauvre et instable de la Corne de l’Afrique.
En retard de plus d’un an, les élections parlementaires doivent, selon un accord conclu entre les dirigeants somaliens, être achevées le 25 février, permettant ensuite l’élection d’un Président. Mais plus d’une centaine de sièges n’ont pas encore été attribués. De son côté, le FMI doit conclure, mi-mai, une évaluation de ses programmes, dont plusieurs points clés concernant des réformes à venir doivent impérativement être validés par le nouveau gouvernement, a déclaré l’institution à la presse.
«Cette évaluation des programmes de soutien du FMI doit être terminée d’ici le 17 mai 2022. Si elle n’est pas terminée d’ici cette date, les programmes se terminent automatiquement», a affirmé Laura Jaramillo Mayor, qui dirige la mission. Mme Jaramillo note qu’une interruption impacterait les aides budgétaires reçues par la Somalie de partenaires (285 millions de dollars en 2020), mais aussi le processus en cours de réduction de sa dette extérieure.
Cette dernière est déjà passée de 5,2 à 3,7 milliards de dollars entre 2018 et aujourd’hui. Au terme du processus, possiblement dès «l’année prochaine», elle doit descendre à 557 millions de dollars, soit environ 6% du PIB estimé. Un niveau qui permettra à Mogadiscio d’attirer plus de financements, mais aussi au secteur privé de se développer, au bénéfice de secteurs comme les infrastructures ou l’éducation, note Mme Jaramillo.
Il manque chaque mois 10 millions de dollars au gouvernement fédéral pour régler les dépenses prioritaires, comme les salaires. Pays parmi les plus pauvres au monde, où près de 70% des habitants vivent avec moins de 1,90 dollar par jour, la Somalie se remet péniblement de décennies de guerre civile et fait face à l’insurrection des islamistes shebab.
Mais les Somaliens ont, ces dernières années, réalisé «un énorme travail» de renforcement des institutions, notamment en termes de collecte d’impôts et de contrôle des dépenses publiques, encourage le FMI, qui travaille à nouveau avec le pays depuis 2015. Pour lutter contre les effets cumulés des sécheresses, des invasions de criquets et de la Covid-19, 200 000 foyers pauvres reçoivent par ailleurs une aide mensuelle à travers un programme gouvernemental soutenu par la Banque mondiale.