Les islamistes chebab ont lancé mardi 17 janvier une attaque meurtrière contre une base militaire au nord de la capitale somalienne, juste après que le gouvernement a annoncé avoir remporté contre eux une «victoire historique» en leur reprenant une ville côtière «stratégique». Des chiffres contradictoires ont été avancés par différentes sources sur le nombre de soldats tués lors de cet assaut contre le camp militaire de Hawadley, situé à environ 60 kilomètres au nord de Mogadiscio.
Un bilan incertain
Le chef de l'armée, Odowaa Yusuf Rage, a déclaré à la radio nationale que cinq soldats, dont un officier, y étaient «morts en martyr». Un peu plus tôt, un commandant d'une milice alliée au pouvoir près de Hawadley, contacté par l'AFP, avait lui annoncé un bilan de 11 soldats tués. «Les djihadistes ont d'abord fait exploser un véhicule chargé d'explosifs, puis ont attaqué» le camp militaire, a indiqué ce commandant, Mohamed Osman, joint par téléphone.
L'attaque a été revendiquée par les chebab, groupe affilié à Al-Qaïda. La base de Hawadley avait été reprise aux chebab en octobre dernier par les forces gouvernementales et leurs alliés des milices claniques. Ce lundi, l'armée somalienne avait annoncé avoir repris Harardhere, ville portuaire située à environ 500 km au nord de la capitale, contrôlée depuis 2010 par les chebab. Le gouvernement a assuré que la reprise de cette ville «stratégique» constituait une «victoire historique».
«Guerre totale» promise par le président
L'attaque de mardi «démontre la capacité des chebab à produire des bombes artisanales et à les déployer dans l'État de Hirshabelle», a souligné auprès de l'AFP Omar Mahmood, chercheur spécialiste de la Somalie à l'International Crisis Group. «Il est difficile de dire qu'il s'agit de représailles directes après la prise de Harardhere, mais il s'agit davantage d'une réponse plus large à l'offensive en cours» des forces pro-gouvernementales, a-t-il poursuivi.
Les chebab combattent depuis 2007 le gouvernement fédéral soutenu par la communauté internationale. Chassés des principales villes du pays en 2011-2012, ils restent solidement implantés dans de vastes zones rurales. Le président Hassan Cheikh Mohamoud, revenu au pouvoir en mai 2022, leur a promis une «guerre totale», et récemment qualifié leurs membres de «punaises de lit».
Soutien de l'armée aux milices locales
En septembre, le chef de l'État a envoyé l'armée (dont des forces spéciales) soutenir des milices locales, connues sous le nom de «macawisley», qui se sont révoltées contre les chebab. Cette offensive, appuyée par la force de l'Union africaine en Somalie (ATMIS) et des frappes aériennes américaines, a permis de reconquérir de vastes territoires de deux États du centre du pays, l'Hirshabelle et le Galmudug.
Le gouvernement a notamment affirmé début décembre avoir repris Adan Yabal, localité emblématique du Hirshabelle tenue par les chebab depuis 2016 et présentée comme un «terrain d'entraînement» et un nœud logistique des insurgés dans la région. Mais les chebab continuent de mener des attentats sanglants en représailles, soulignant leur capacité à frapper au cœur des villes et des installations militaires somaliennes.
Multitude d'attentats perpétrés
Dix-neuf personnes ont été tuées dans deux attentats à la voiture piégée à Mahas (centre), début janvier. Le 29 octobre, deux voitures piégées avaient explosé à Mogadiscio, tuant 121 personnes et en blessant 333 autres, dans l'attaque la plus meurtrière depuis cinq ans dans ce pays de la Corne de l'Afrique, également touché par une sécheresse historique. Début octobre, un triple attentat à Beledweyne (centre), chef-lieu de la province de Hiran, avait par ailleurs fait 30 morts, dont des responsables locaux. En août, au moins 21 clients d'un hôtel de Mogadiscio avaient été tués dans un spectaculaire assaut de 30 heures.
Le président a annoncé que de nouveaux contingents de soldats somaliens, entraînés en Érythrée, seraient déployés prochainement dans le cadre des opérations anti-chebab.