La sécurité du Datacenter d’Algérie Télécom, situé dans la ville d’El Khroub, à 15 km au sud-est de Constantine est gravement menacée, comme le révèlent des documents, dont El Watan détient des copies.
Des experts ont alerté les autorités locales, y compris le wali de Constantine, sur un risque imminent d’effondrement de la structure, mettant en péril non seulement des vies humaines, mais également des données sensibles. Pour rappel, ce Datacenter est destiné à traiter, stocker, organiser et sécuriser des données informatiques des institutions et des entreprises nationales.
En 2023, un bureau d’études a adressé une correspondance au chef de l’exécutif de la wilaya, déclinant toute responsabilité et soulignant l’incapacité de la structure située à la cité des 1600 logements dans la ville d’El Khroub à supporter le poids du rayonnage mobile prévu pour l’installation.
Deux laboratoires indépendants ont également établi des rapports d’expertise, selon les documents en possession d’El Watan. Dans la lettre adressée au chef de l’exécutif, il est mentionné que «l’infrastructure est menacée d’effondrement en raison de son ancienneté et de sa construction non conforme aux normes techniques».
L’un des rapports, dont El Watan détient une copie, stipule clairement : «Suite aux différents rapports élaborés par le bureau d’études chargé du suivi, ainsi que les résultats d’auscultation pour mesurer la résistance des éléments structuraux (poteaux et poutres)/ en annexe, il s’est avéré que la pose du rayonnage mobile est impossible et peut causer d’énormes préjudices à la structure». Malgré ces avertissements clairs et au lieu de diligenter une étude approfondie, Algérie Télécom aurait contraint l’entreprise à installer les équipements prévus dans le contrat, selon le même document.
Le bureau d’études plaignant a appelé à l’ouverture d’une enquête, soulignant que la vie des personnes et la sécurité des données sensibles sont en danger. Des sources proches du dossier ont également révélé que seulement 30% des équipements du Datacenter ont été installés à ce jour, en raison de la nature fragile de la structure en «corps creux».
Un expert mandaté par la justice a jeté un pavé dans la mare en approuvant les premiers résultats. Les tests effectués sur le béton utilisé dans la construction du Datacenter ont révélé une résistance à la compression bien inférieure aux normes requises.
Cette faiblesse, couplée à l’ancienneté de la structure et à sa réalisation en «corps creux», fragilise considérablement l’ensemble. Dans sa conclusion, l’expert redoute qu’une surcharge, telle que l’installation des étagères mobiles prévues, ne provoque une déformation permanente de la dalle et des piliers, voire une défaillance structurelle, menaçant la sécurité du bâtiment et de ses occupants.
Face à ces accusations, le directeur opérationnel d’Algérie Télécom à Constantine, Mohamed Imoussaïne, que nous avons rencontré, s’est montré catégorique. Il a rejeté en bloc les conclusions du bureau d’études, qualifiant ses dires de diffamation.
Pour étayer ses propos, il a brandi un rapport de 59 pages des services du Contrôle technique de la construction (CTC) datant du 30 juin 2024, qui stipule que «l’ouvrage réalisé en 1990 est dans un bon état de conservation» et que «la structure du bloc ne nécessite aucun renforcement à l’état actuel».
M. Imoussaïne a pointé du doigt une cabale orchestrée contre sa personne, tout en mettant en avant les performances d’Algérie Télécom dans la région, soulignant que Constantine a été classée première à l’échelle nationale avec un taux de 87% d’installation de la fibre optique (FTTH). Nous avons effectué un déplacement sur les lieux en compagnie d’éléments d’Algérie Télécom, mais le responsable du Datacenter nous a signifié qu’il est strictement interdit d’y accéder.