Drapés et volumes époustouflants, tenues en noir et blanc, dorées et argentées : Daniel Roseberry, le styliste américain de Schiaparelli, a proposé cette saison une interprétation «surréaliste du vestiaire quotidien féminin» devant la rappeuse Cardi B, la papesse de la mode Anna Wintour ou les actrices Gwendoline Christie et Philippine Leroy-Beaulieu au premier rang du défilé au Petit Palais.
Chemisier blanc, pantalon, col roulé noir ou doudounes : difficile de deviner dans ces pièces qui peuvent se combiner «spontanément» celles réservées au bureau ou la vie de tous les jours. C’est comme ça qu’on «ose» cette saison, après le précédent défilé haute couture Schiaparelli qui avait suscité la controverse cet hiver avec ses robes ornées de fausses têtes d’animaux.
Le premier jour de cette semaine, qui met en lumière le sur-mesure et l’artisanat, verra également défiler Dior et deux nouveaux entrants: l’Américain Thom Browne et le Français Charles de Vilmorin. Interrogée dimanche, la Fédération de la haute couture et de la mode a confirmé que «sauf prescription contraire des autorités», les défilés» se tiendraient «comme prévu».
A contrario, le créateur de Celine, Hedi Slimane, a jugé samedi qu’un «défilé de mode dans Paris, alors que la France et sa capitale sont ainsi endeuillés et meurtris» était «totalement déplacé», après le décès d’un adolescent de 17 ans, tué par un policier.
A 26 ans, Charles de Vilmorin va présenter son premier défilé couture pour sa propre marque après avoir brièvement été directeur artistique pour Rochas. Ses précédentes collections couture, une aux couleurs pop et imprimés psychédéliques et l’autre entièrement noire, avaient été dévoilées dans des vidéos pendant la crise sanitaire. «Je suis hyper heureux d’avoir vécu tout cela et de faire mon premier défilé», a-t-il confié à l’AFP, dans son appartement-atelier la semaine dernière en train de finaliser la collection. Le Saoudien Ashi, qui a habillé la reine Rania de Jordanie, Penelope Cruz, Diane Kruger ou Lady Gaga, est le premier représentant du royaume et du Golfe à intégrer la semaine de la haute couture à Paris. Il défilera jeudi.
Sa consécration, après une séries de défilés et projets de jeunes créateurs saoudiens en marge de la Fashion Week homme à Paris, s’inscrit en pleine offensive - du foot au cinéma - du royaume critiqué pour des atteintes aux droits humains, destinée à améliorer son image à l’international. Je suis super heureux pour lui», a confié à l’AFP le couturier Stéphane Rolland qui dit l’avoir «découvert» dans une émission télévisée au Moyen-Orient dont il était président du jury. «C’est un poète artiste», «un rêveur», dit-il. «Il y a un vivier de talents en Arabie Saoudite qui n’a pas pu s’exprimer comme il voulait pendant longtemps.» Stéphane Rolland présentera mardi un défilé dédié à Maria Callas à l’opéra Garnier qui sera filmé par Claude Lelouch pour son prochain film.